« L’eau est-il un bien comme un autre ? »
La préservation des ressources, un enjeu majeur
Marillys Macé a tout d’abord rappelé qu’en France, nous sommes plutôt favorisés. Nous disposons d’une eau de bonne qualité et en quantité suffisante. Les consommateurs se disent d’ailleurs satisfaits de leurs services de proximité de l’eau et de l’assainissement. Ces services sont suffisamment performants pour que toute la population ou presque accède à l’eau potable, mais aussi à la dépollution des eaux usées.
La préservation des ressources reste cependant un sujet de préoccupation partagé par les politiques et les acteurs des services de l’eau et dont la population prend également conscience : nos ressources sont soumises à des pollutions de toutes sortes et notamment à des micropolluants. En outre, les changements climatiques ont des conséquences qui doivent être anticipées dès à présent. Les collectivités locales qui sont responsable du service de l’eau au niveau local sont parfois contraintes à des arbitrages sanitaires ou environnementaux.
La réutilisation des eaux usées apparaît comme une solution d’avenir pour économiser les ressources. Elle est déjà possible pour certains usages (toilettes, nettoyage, arrosage) mais des avancées technologiques sont encore attendues avant que l’on puisse envisager leur consommation. Ces futurs usages devront être encadrés par la législation pour ne pas ajouter de risques sanitaires à une éventuelle pénurie d’eau.
Sur 10 verres d’eau consommés, 6 proviennent du robinet
Si la majorité des Français consomment de l’eau du robinet, une certaine habitude de consommation de l’eau en bouteille demeure, notamment à l’extérieur du domicile. Certaines idées reçues persistent autour de l’eau du robinet, qui a pourtant l’avantage d’être de peu chère, de bonne quantité et toujours disponible.
« On pense souvent qu’elle ne contient pas de minéraux, mais c’est inexact » rappelle Marillys Macé. « Les minéraux existent et sont dosés pour convenir au plus grand nombre. Certaines eaux minérales, en revanche, en contiennent en quantité trop importantes pour les consommateurs. »
Une étude américaine publiée récemment a montré la présence de traces de microplastiques dans l’eau bouteille. Bien que cela soit préoccupant, il convient cependant de rappeler qu’il s’agit-là d’un problème environnemental plus global. « Nous respirons et mangeons des microplastiques tous les jours » explique Mme Macé. « Ils sont présents tout autour de nous en quantités infinitésimales. Leurs effets sur le long terme restent encore mal connus. »
Interrogée sur la problématique des fuites, la directrice du C.I.eau explique que si l’apparition de fuites est inévitable, la loi Grenelle 2 a fixé des objectifs clairs de rendement : 65 % en zone rural et 80 % en zone urbaine. Les fuites apparues sur le réseau ne coûtent pas aux usagers, qui paient pour un service global sur la base de la seule eau qu’ils consomment. Elles représentent toutefois un gaspillage qu’il convient de réduire. « L’eau des fuites n’est pas perdue » conclue Marillys Macé. « Elle est gaspillée, car on a utilisé de l’énergie pour la traiter, mais elle va tôt ou tard réintégrer le cycle de l’eau.»