Histoire des eaux usées : comment leur évacuation a-t-elle été gérée à travers les âges ?
Date de publication : 26 janvier 2017 | Dernière modification : 11 juin 2024
Il était une fois… l'évacuation des eaux usées avant notre ère
Dès les premières civilisations sédentaires, lors de la construction des premières villes, l’évacuation des eaux usées est devenu un sujet préoccupant au fil de l’Histoire. Dans le souci d’éviter les épidémies, il fallait impérativement évacuer et éloigner les effluents des cités. Aussi à toutes les époques et sur tous les continents, il a fallu faire face à ce problème et trouver de réelles solutions. En voici quelques exemples.
De – 2500 à – 1500 av. J.C. // Vallée de l’Indus (actuel Pakistan)
Dans les cités d’Harappa et de Mohenjo Daro, les eaux usées étaient collectées dans de petites fosses revêtues de briques situées au bas des murs des maisons, avant d’être acheminées par des conduits vers un réseau de canalisations creusées sous le pavement des rues et recouvertes de briques dures. Ces canalisations débouchaient sur un système plus vaste d’égouts couverts, qui évacuaient les eaux usées hors des secteurs habités de la ville.
ᴠɪe siècle av. J.C. // La « Cloaca Maxima »
Construit, sous le règne de Tarquin L’Ancien, ce grand collecteur avait, à l’origine, mission de drainer les marais. Il recevait les eaux de pluie et les eaux usées de Rome et les déversait dans le Tibre. Malgré les techniques innovantes pour l’époque, les égouts de Rome étaient connus pour leur insalubrité et leurs odeurs nauséabondes.
Fostat et Constantinople
La cité égyptienne comme l’ancienne Byzance (bâtie sur le modèle de Rome) ont su donner naissance à des habitations munies de fosses d’aisance ou de latrines.
Au ɪɪɪe siècle, ces ouvrages collectifs furent peu à peu abandonnés, les difficultés politiques rendant difficiles les financements indispensables à leur entretien.
Du Moyen Âge au xɪxe siècle
En Europe, au Moyen Âge, les systèmes d’évacuation des eaux sales mis au point par les Romains, ne sont plus utilisés.
Cependant, les communautés religieuses n’en ignorent pas les principes :
- Abbaye de Royaumont : ingénieux système d’évacuation de ses eaux usées avec les latrines des moines construites au-dessus de la rivière.
- Hospices de Beaune : utilisation du courant du ruisseau sur lequel ils sont édifiés pour évacuer leurs effluents.
- Abbaye de Cluny : équipée d’un réseau d’égouts très perfectionné.
Le cas des grandes villes
Les notions de salubrité étaient souvent négligées. La saleté et les odeurs putrides régnaient alors dans les rues. Une minorité de maisons disposaient d’une fosse d’aisance, qui devait être régulièrement vidangée. Mais dans la plupart des cas, la technique la plus utilisée était celle du « tout à la rue ». Les pots de chambre étaient ainsi tout simplement vidés par les fenêtres directement dans les rues. Ces eaux sales jetées s’infiltraient, fermentaient, se décomposaient, produisant des boues pestilentielles. Tout cela était sans compter sur les activités urbaines et artisanales ! Les rejets des tanneurs, des teinturiers mais aussi des bouchers, des poissonniers stagnaient dans les rues, en attendant que la pluie les emporte.
Des épidémies en conséquence
Cette situation persiste jusqu’au xɪxe siècle. Résultat : des épidémies de peste, de choléra et de typhus qui tueront des centaines de milliers de personnes à travers l’Europe.
Les découvertes de cette époque en matière de santé publique démontrèrent la nécessité et l’urgence de l’assainissement. C’est à Hambourg et à Londres que les premiers réseaux d’assainissement modernes firent leur apparition. En France, l’impulsion est donnée par le préfet de la Seine, le baron Haussmann. Sous le Second Empire, il entrepris d’équiper Paris d’un réseau complet d’égouts.
ZOOM SUR… les conceptions urbanistiques d'Haussmann
Louis-Napoléon Bonaparte, lors de son exil en Angleterre, avait été impressionné par la reconstruction de Londres après l’incendie qui l’avait ravagé en 1666. Un véritable modèle de cité moderne. Une référence en matières d’urbanisme et d’hygiène que l’empereur souhaitait appliquer à Paris. Tel fut le point de départ de la mission du nouveau préfet Haussmann. S’en suivirent d’énormes travaux urbains afin d’offrir à Paris une meilleure circulation de la lumière, de l’air et de l’eau, en adéquation avec les principes hygiénistes. Ainsi, la construction de tout un système d’approvisionnement en eau et d’un réseau d’égouts, n’échappe pas à cette grande entreprise de réorganisation de Paris.
La dépollution des eaux usées : une préoccupation récente
C’est seulement dans les années 1960 que le programme d’installation des stations d’épuration va prendre son essor sur tout le territoire. Seulement, entre temps, le développement rapide des besoins en eau a eu le temps de dégrader la qualité des eaux superficielles. Aussi, pour une bonne gestion de l’eau, la loi sur l’eau du 16 décembre 1964, divisant le territoire continental en bassins hydrographiques (comités de bassin /agences de l’eau), accélère l’action en faveur de la préservation des ressources. Quant aux lois du 3 janvier 1992 et du 30 décembre 2006, les directives européennes (directive cadre du 23 octobre 2000) martèleront cette obligation de préserver les ressources en eau.