L’eau et l’économie circulaire : de quoi s’agit-il ?

Outil de calcul de la consommation annuelle d’eau
Repenser les modes de production et de consommation pour protéger nos ressources et limiter la quantité de déchets générés, tel est le grand principe de l’économie circulaire. Voyez de plus près en quoi consiste ce nouveau mode d’organisation du mode productif et comment il peut s’appliquer au domaine de l’eau.

Date de publication : 3 septembre 2020  |  Dernière modification : 29 mai 2024

Qu’est-ce que l’économie circulaire ?

Économie linéaire versus économie circulaire

Depuis la révolution industrielle, nos sociétés fonctionnent sur un modèle linéaire de production et consommation, à savoir : Produire -> Consommer -> Jeter.
Ce système d’économie linéaire repose sur l’idée que les ressources seraient infinies.
Et les résultats sur l’environnement ne se sont hélas pas fait attendre : pollution, épuisement des ressources naturelles, obsolescence programmée, production importante de déchets…

Source : Avise / Say Yess

Devant les conséquences néfastes de l’économie linéaire, il devient de plus en plus urgent d’opter pour un modèle alternatif plus respectueux des ressources et de l’environnement, qui permet de continuer à produire et à consommer, mais de manière plus durable et raisonnée.

C’est tout l’enjeu de l’économie circulaire.

Source : Avise / Say Yess

Définition de l’économie circulaire

Selon l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), « l’économie circulaire est un système économique d’échange et de production qui vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer notre impact sur l’environnement. Il s’agit de découpler la consommation des ressources de la croissance du produit intérieur brut (PIB) tout en assurant la réduction des impacts environnementaux et l’augmentation du bien-être ».

L’économie circulaire concerne l’ensemble des filières de production :

  • La filière agroalimentaire (agriculture, transformation alimentaire, la consommation et les résidus alimentaires),
  • La filière forestière,
  • La filière aéronautique,
  • La filière textile,
  • La ressource hydrique,
  • La ressource métallique

Dans le schéma de l’économie circulaire, 7 circuits de produits et de consommation organisés en trois pôles (offre et acteurs économique, demande et comportement des consommateurs, gestion des déchets), interagissent et se combinent de manière à se renforcer mutuellement. En d’autres termes, tous les produits que nous utilisons deviennent des ressources et circulent.

À la différence des trois pôles de l’économie linéaire que sont « Produire – Consommer – Jeter », on peut résumer les trois pôles de l’économie circulaire par « Mieux produire – Mieux consommer – Mieux valoriser ».

Source : ADEME

L’économie circulaire appliquée au domaine de l’eau ?

Seule une fraction de l’eau douce en surface ou souterraine est exploitable pour les activités humaines : 0,1 % de la totalité de l’eau présente sur la planète.

Des ressources en eau renouvelables mais de manière limitative

Le cycle de l’eau permet en effet de renouveler ces ressources à l’infini mais de manière limitative puisque nous ne pouvons consommer davantage d’eau douce que ce que la planète est en capacité de produire.

Si nous ne consommions qu’une petite fraction d’eau disponible et que nous la rejetions dans la nature sans la contaminer, le problème de l’offre et de la demande ne se poserait pas, nous ne risquerions pas de manquer de ressources.

Hélas, une très grande partie de l’eau que nous consommons provient de sources peu ou très peu renouvelables (ex : les nappes phréatiques qui sont exploitées plus rapidement que le taux de régénération) et retourne après utilisation, contaminée dans les cours d’eau.

Or nos systèmes de production agricoles et urbains dépendent précisément de ces nappes phréatiques, trop largement surexploitées.

Essentielle à la vie, l’eau est vitale, et l’accès à l’eau potable est à la fois un besoin et un droit pour tous. Or l’accès à l’eau potable n’est pas le même d’un pays à l’autre, certains pays auront tout juste de quoi satisfaire leurs besoins physiologiques tandis que d’autres exploiteront des quantités phénoménales d’eau pour des usages peu appropriés (ex : pour favoriser l’agriculture intensive dans les pays arides ou encore pour produire des textiles ou de la viande qui consomment énormément d’eau).

De fait, le partage inégal des ressources à travers le monde fait de l’accès à l’eau une source grandissante de conflits.

Mais au-delà des problèmes liés à la quantité d’eau disponible, la qualité de l’eau est un aspect également important à considérer. En effet, si l’eau que nous consommons n’est pas correctement valorisée et recyclée une fois utilisée, elle va contaminer les milieux naturels et dégrader la biodiversité nécessaire au bon fonctionnement du cycle de l’eau. Par ailleurs, les nitrates et autres fertilisants utilisés dans la production agricole se déversent partiellement dans la nature par effet de ruissellement et finissent par contaminer les cours d’eau et les nappes phréatiques.

Vers un changement de paradigme…

C’est en produisant mieux, en consommant mieux et en valorisant les eaux usées que nous pouvons renouveler nos ressources en eau sans craindre de pénurie.
Désormais l’accent est mis sur la récupération des ressources ajoutées à l’eau pendant son usage avant qu’elle ne soit rejetée dans la nature.
Le schéma ci-dessous montre comment les trois pôles de l’économie circulaire « produire-consommer-valoriser » s’organisent et s’articulent pour se conformer à ce nouveau paradigme.

Source : www.eau-rhin-meuse.fr

Ainsi, l’économie circulaire appliquée au domaine de l’eau va récupérer la matière organique et les nutriments présents dans l’eau de manière à la concentrer dans les biosolides pour favoriser la fertilité des sols.

Or pour parvenir à valoriser les ressources en eau, il faut s’assurer de l’innocuité des résidus réutilisés en contrôlant notamment les processus industriels qui ajoutent des polluants dans les eaux usées.

Ainsi, tous les contaminants ne pouvant être éliminés dans le cadre de la StaRRE (Station de Récupération des Ressources de l’Eau) doivent être récupérés à la source :

  • Soit en modifiant les procédés industriels,
  • Soit en intégrant des procédés de récupération chez le pollueur (suivant le principe du pollueur-payeur).

Exemples de projets menés en régions

En France, plusieurs régions ont d’ores et déjà adopté des projets utilisant l’économie circulaire. Par exemple, dans la région Grand Est, six projets menés en partenariat entre la région, l’ADEME et l’agence de l’eau Rhin-Meuse, ont pour objectif d’optimiser la consommation et la gestion de l’eau.

Dans le Bas-Rhin :

  • Mise en place de dépoussiéreuses sur les dérouleuses de bobines à papier permettant la réduction des consommables, le prolongement de la durée d’utilisation des eaux de mouillage et la prévention des déchets dangereux
  • Étude pour l’écoconception du dispositif « Jardin d’assainissement ».
  • Valorisation d’effluents agro-industriels pour la production de micro-algues d’intérêt.

Dans le Haut-Rhin :

  • Étude de transformation de la station de neutralisation en plateforme d’économie circulaire.

En Moselle :

  • Modification de l’équipement de taillage des grands verres permettant la réduction des consommables, comme l’eau et la prévention des déchets dangereux.

Dans les Vosges :

  • Unité locale de recyclage des déchets de voirie et de curage traitant les lixiviats produits de façon à les recycler indéfiniment.

(Pour info : Le lixiviat est le liquide résiduel engendré par la percolation de l’eau et des liquides à travers une zone de stockage de déchets, de produits chimiques ou tout simplement un sol contaminé par des polluants. Source : futura-sciences.com)

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