Réchauffement climatique : pourquoi les montagnes sont-elles plus exposées ?

Montagnes réchauffement climatique
Bien qu’elles semblent inaltérables, les montagnes subissent de plein fouet les effets du réchauffement climatique.
Mais pourquoi y sont-elles particulièrement sensibles et quelles conséquences peut-on observer sur les écosystèmes et notamment les ressources en eau ? Enfin, comment faire face à ces changements pour éviter les possibles pénuries d’eau potable ?

Date de publication : 12 avril 2022  |  Dernière modification : 4 juillet 2024

À quoi servent les montagnes ?

Les massifs montagneux sont des écosystèmes particulièrement précieux pour l’environnement. Leurs atouts sont multiples :

  • Ils absorbent de grandes quantités de CO2 ;
  • Ils produisent de l’eau et de l’air propres et de haute qualité ;
  • Ils permettent de réguler les crues en cas de fortes précipitations.

D’après une étude de l’Université d’Oxford publiée en 1997, il ressort que la moitié de l’humanité dépend de l’eau fournie par les montagnes.

Du fait de leurs reliefs très prononcés, les chaînes de montagnes présentent de nombreux microclimats permettant d’accueillir des écosystèmes variés ainsi que des habitats pour de multiples espèces animales, dont certaines ne peuvent vivre ailleurs qu’en montagne.

Comment se traduit le réchauffement climatique en montagne ?

Plus l’altitude est élevée, plus le réchauffement climatique est intense. Par exemple, tous les 10 ans, les Pyrénées gagnent environ 0,57 °C tandis que les plaines affichent des hausses de températures de 0,18 °C.

Depuis le début des années 70, les Pyrénées ont gagné 2 °C et les plaines françaises ont gagné 1,2 °C.

Et d’après les prévisionnistes, l’écart de températures entre les montagnes et les plaines va s’accentuer de plus en plus avec le réchauffement climatique.

Concrètement, le réchauffement des massifs montagneux se traduit par :

  • Un enneigement plus faible ;
  • Une fonte des neiges plus rapide ;
  • Un recul des glaciers ;
  • L’apparition de phénomènes biochimiques comme la photosynthèse chez les plantes ;
  • Des altérations biologiques et écologiques, telles que la sédimentation, la décomposition, la minéralisation du carbone organique ou encore une croissance accélérée des organismes (par exemple, le développement de l’œuf à la grenouille est de plus en plus rapide et les espèces sont fragilisées).

Des pollutions des montagnes vers les plaines…

Avec le dérèglement climatique, les reliefs endommagés par la hausse des températures favorisent les inondations qui hélas, libèrent des métaux lourds qui stagnent dans les zones humides comme les tourbières et polluent l’environnement.

… Et des plaines vers les montagnes

Alors que les montagnes déversent des métaux lourds, les basses terres transportent dans les hauteurs des polluants organiques toxiques, par l’intermédiaire des nuages, de l’évaporation de l’air, des vents et des précipitations.

Les activités humaines sont également responsables de la dégradation des écosystèmes montagneux :

  • L’agriculture utilise des produits répulsifs polluants ;
  • Le tourisme dégrade les reliefs et favorise les avalanches, les inondations, la dégradation des massifs…

Un empoissonnement responsable de pollution des cours d’eau

L’introduction de poissons en montagne pour la pêche (également appelé « empoissonnement » ou « alevinage ») représente un réel danger pour les lacs de haute montagne, car ces espèces transportent des taux très élevés de mercure, particulièrement toxique pour le système nerveux des hommes et des animaux.

De plus, les poissons introduits dans les lacs de montagne favorisent les phénomènes d’eutrophisation : en transportant de grandes quantités de nutriments, ils polluent les cours d’eau et entraînent la prolifération d’algues ainsi qu’une réduction du taux d’oxygène dans les milieux aquatiques. Ces mêmes poissons peuvent entraîner des maladies aussi bien chez l’homme que chez les animaux, car ils diffusent des substances particulièrement toxiques, les cyanotoxines.

Et bien évidemment, la pollution des eaux de montagne entraîne une dégradation des écosystèmes d’eau douce en aval qui représentent une source importante d’eau potable. À terme, si les effets du dérèglement climatique ne sont pas endigués, les montagnes pourraient ne plus être capables de fournir les ressources dont l’homme et les animaux ont besoin, comme l’eau potable ou encore l’air pur.

Il devient donc urgent de revoir en profondeur la manière dont nous traitons les écosystèmes montagneux afin de préserver la qualité et la quantité de nos ressources naturelles en eau.

Des changements de paradigmes nécessaires

La communauté scientifique, et plus particulièrement la IPBES*, nous alerte sur l’importance d’agir bien au-delà de la notion de développement durable, en opérant des changements en profondeur dans la manière de traiter les écosystèmes. Cela pourrait se traduire notamment par :

  • Une réduction de notre mobilité pour limiter la pollution de l’air
  • Une réduction de notre consommation de viande pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (1 kg de viande de bœuf produite équivaut à une émission de 27 kg de CO2)
  • Adopter un mode de consommation qui diminue l’empreinte carbone (favoriser le recyclage, récupérer l’eau de pluie, adopter des gestes écoresponsables…)
  • Restreindre l’accès des touristes et des agriculteurs à des sites fragilisés
  • Réduire la taille des troupeaux de vaches et de moutons
  • Interdire l’utilisation de substances nocives comme les insecticides pour les animaux ou pour les humains

D’une manière générale, nous prenons conscience qu’il faut repenser nos modes de vie pour protéger les écosystèmes de montagne afin qu’ils puissent continuer à nous apporter toutes les ressources dont nous avons besoin pour vivre, et écarter les risques de pénuries d’eau potable.

*Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité

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Marillys Macé

Directrice générale du Centre d’information sur l’eau, dont la vocation est d'apporter des connaissances pédagogiques sur l'eau distribuée et sur la gestion de l'eau en France, d'analyser les comportements des consommateurs et d'analyser le discours des médias.

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