Quels défis mondiaux pour l’eau aujourd’hui comme demain ?
Date de publication : 8 février 2017 | Dernière modification : 4 juillet 2024
Le facteur humain
Au cours du xxɪe siècle, l’eau pourrait devenir un enjeu politique et économique comparable à ce que fut, par exemple, le pétrole durant les dernières décennies. Sur Terre, l’eau douce est abondante mais pas convenablement répartie entre les différentes régions du globe. Pourtant, les besoins en eau de l’humanité croissent souvent plus vite que l’augmentation de la population mondiale.
Pour les Nations unies, la population mondiale pourrait, d’ici à 2050, s’accroître de deux milliards d’individus et compter alors 9 milliards d’habitants sur Terre. Les pays en développement seront essentiellement concernés par cette croissance démographique alors que bon nombre connaissent déjà des difficultés dans le domaine de l’eau. Ce seul fait suffit à appréhender les risques à venir de tensions accrues sur les ressources d’eau, au niveau mondial. En effet, pour répondre à la demande alimentaire, il faudra doubler la production agricole et trouver 4 500 km3 d’eau douce supplémentaires par an*.
Si l’approche internationale de la gestion des ressources n’évolue pas significativement dans les prochaines années, les deux tiers de la population mondiale pourraient subir des manques d’eau plus ou moins forts dès 2030. Les inégalités risquent de se creuser puisque les besoins vont souvent s’amplifier là où les ressources sont déjà faibles (Moyen-Orient, zones arides de l’Afrique…)
* Source : BRGM – 2011
L'enjeu du facteur économique
Ajoutons à ce premier constat le fait qu’en voyant les besoins augmenter, les coûts de mobilisation des ressources seront plus élevés, dû à la difficulté d’exploitation à venir. Certains des pays concernés sont en développement et ne pourront peut-être pas assumer ces implications financières. Les problèmes d’eau constitueront donc un frein au développement.
Alors, comment solutionner cela ? Une gestion plus rationnelle des ressources en eau, un recours à des techniques d’irrigation plus efficientes et moins gourmandes en eau, le développement de processus industriels moins polluants et plus économes en eau sont autant de facteurs susceptibles d’infléchir plus ou moins sensiblement ces prévisions.
Par ailleurs, l’impact, difficile à prévoir, d’éventuelles modifications d’ordre climatique, profondes au niveau mondial ou régional, doit aussi être pris en compte. Même si les avis divergent sur ce point, des hypothèses telles que l’accentuation des écarts entre climats arides et humides, l’irrégularité plus forte des précipitations saisonnières ou annuelles, l’extension de l’aridité dans certaines zones auraient des conséquences directes sur la répartition et la gestion des ressources.
Une multiplication des situations conflictuelles pour les ressources en eau
Aujourd’hui, un certain nombre de désaccords entre États ont pour origine l’usage des ressources transfrontalières. Ainsi, il est à craindre des tensions accrues sur les ressources d’eau, au niveau mondial, à mesure que les contraintes hydriques se feront plus fortes. Et des conflits entre catégories d’utilisateurs et, pour l’essentiel, entre agriculture et alimentation en eau des populations sont à prévoir. La réduction de la part de l’usage agricole est une tendance qui tend à s’affirmer dans les pays développés.
Le partage des eaux de la planète
L’interdépendance hydrologique n’est pas une notion abstraite. C’est le cas de 39 pays pour lesquels au moins la moitié des ressources en eau trouvent leur origine au-delà de leurs frontières. Et pour être encore plus concret, deux personnes sur cinq dans le monde vivent dans des bassins hydrologiques internationaux partagés par plusieurs pays.
Et demain, vers un réchauffement climatique ?
Grâce aux apports du Nil, du Tigre et de l’Euphrate, l’Égypte et l’Irak, régions peu arrosées, ont vu les premières civilisations se développer. Aujourd’hui encore, des populations importantes y vivent. De telles zones peuvent subir l’impact de changements climatiques touchant les terres d’altitude où les fleuves s’alimentent. Les pays de mousson et le pourtour méditerranéen connaissent de grands écarts entre les saisons des pluies et les saisons sèches.
Alors, comment ces territoires vont-ils réagir au réchauffement planétaire en cours ? Les évolutions ne sont pas uniformes selon les régions. Pour les États-Unis (y compris l’Est), l’Inde, l’Europe et la Chine, les difficultés d’accès à l’eau douce vont probablement s’accentuer, ne serait-ce qu’en raison de l’augmentation prévue de la population dans les régions où l’eau est déjà rare. L’Europe ne sera pas épargnée non plus.
De plus, le changement climatique pourra également provoquer la montée du niveau des océans (3 mm/an actuellement) et entraîner la perte de deltas fertiles propices à l’activité agricole.
Vit-on sur nos réserves d'eau ?
Les questions concernant les réserves d’eau sont cruciales. Nous vivons presque toujours sur l’eau qui arrive sur l’instant mais pratiquement pas sur les réserves. Elles sont éventuellement exploitées dans certains pays très arides où se trouvent des réserves d’eau fossiles, dans des nappes en profondeur.
Dernier point, dans de nombreuses régions du globe, les événements hydrologiques exceptionnels (comme les inondations, les pluies intenses, les sécheresses) induisent des contraintes réelles sur la ressource. Certains pays d’Europe connaissent des difficultés d’approvisionnement où l’on observe à la fois une baisse des niveaux des nappes phréatiques mais aussi des inondations aux lourdes conséquences.