Croissance démographique, réchauffement climatique, besoins énergétiques : comment vont évoluer les besoins en eau dans le monde ?
Date de publication : 14 février 2020 | Dernière modification : 15 juillet 2024
Une croissance démographique qui explose
Avec une population actuelle de 7,4 milliards d’individus, la planète devrait accueillir près de 8 milliards d’habitants en 2030 et les prévisionnistes annoncent pour 2050 une population qui se situera entre 9 et 10 milliards, ce qui représente tout de même une croissance démographique de 80 millions d’habitants par an.
Cela induit nécessairement une augmentation des besoins en eau. Sachant qu’en 2050, environ les deux tiers de la population mondiale vivra dans les grandes villes, principalement dans les pays en développement comme la Chine ou l’Inde, l’accès à l’eau risque d’être rendu encore plus difficile qu’actuellement car ces zones géographiques sont déjà en situation de déficit hydrique.
Or, non seulement les besoins en eau vont considérablement augmenter pour la consommation domestique au vu de cette croissance démographique, mais d’autres besoins indirects vont également exploser, et notamment les besoins liés au secteur agricole.
Source : ONU 2015
Un secteur agricole particulièrement gourmand en eau
Corollaire de la population mondiale qui augmente, les besoins en eau vont en s’accroissant significativement.
Qu’il s’agisse de demandes directes (comme l’accès à l’eau potable ou aux toilettes) ou de demandes indirectes (besoins en eau pour les produits agricoles), force est de constater que l’agriculture est le secteur qui consomme le plus de ressources en eau : près de 70 % de la consommation pour ce seul secteur, loin devant l’industrie (20 %) et les utilisations domestiques (10 %).
Sans changement de paradigme en matière d’agriculture, l’augmentation des besoins en eau pour le secteur devraient bondir de 70 à 90 % à l’horizon 2050 !
Source : planetoscope
Des besoins énergétiques qui augmentent
Avec le développement des énergies renouvelables, la production de biocarburant ne cesse d’augmenter. Or les besoins en eau pour produire cette énergie sont très importants.
La production d’un seul litre de biocarburant peut nécessiter jusqu’à 4000 litres d’eau.
Avec des besoins en énergie qui ne cessent d’augmenter (jusqu’à + 60 % entre 2012 et 2030 – Source : Agence internationale de l’énergie), les ressources en eau risquent de facto d’être de plus en plus utilisées pour produire cette énergie.
Consommation d’eau pour la culture de différentes espèces
dédiées à la production de biocarburants (m3 d’eau par tep de carburant).
Des comportements alimentaires qui évoluent
Avec un niveau de vie qui augmente dans des zones géographiques auparavant peu développées (telles que l’Afrique, le Moyen-Orient ou l’Asie), de nouveaux modes de consommation alimentaire apparaissent : ces populations mangent davantage de viande et de laitages, des produits inaccessibles auparavant.
Et si l’on tient compte en parallèle de la croissance démographique galopante dans ces pays, les besoins en viande ont également grimpé en flèche. Et qui dit production de viande dit besoins en eau très élevés : pour produire un seul kilo de viande, 15 500 litres d’eau sont nécessaires (contre seulement 900 litres pour produire 1 kg de pommes de terre).
Un réchauffement climatique
qui favorise la raréfaction de l’eau
Le réchauffement dû à la pollution atmosphérique d’origine humaine est estimé aujourd’hui à près de 1,5° C. Selon les scénarios, il pourrait dans le pire des cas atteindre jusqu’à 6 °C à l’horizon 2100.
Or la montée des températures, directement liée à la production de gaz à effet de serre, accélère le cycle hydraulique, en augmentant les niveaux de précipitations et d’évaporation. Cela se traduit par la fonte des glaciers et la montée du niveau des océans.
Selon des estimations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le niveau global des océans devrait s’élever de 13 à 68 cm d’ici à 2050.
Et certains scientifiques vont même jusqu’à prédire une montée des eaux de 2 mètres dans 100 ans, ce qui signifie que des villes comme New York ou Miami seraient partiellement inondées.
Ainsi, le réchauffement climatique contribue à multiplier les évènements climatiques extrêmes, tels que :
- Des inondations,
- Des tempêtes,
- Des sécheresses plus longues et plus intenses,
- Des périodes de canicules également plus longues et plus fréquentes,
- Des feux de forêts,
- Des ouragans, tornades, typhons, cyclones ou encore vagues-submersion…
Tous ces phénomènes liés au dérèglement climatique concourent à rendre l’accès à l’eau plus difficile et la qualité de l’eau s’en ressent également.
Bien que les ressources en eau devraient être suffisantes à l’horizon 2030 pour satisfaire les besoins domestiques à travers le monde, le problème tient dans leur répartition entre les pays pauvres et les pays riches. Ainsi l’eau s’est peu à peu transformée en « or bleu » et devient un véritable enjeu géopolitique pour les pays dont l’accès à l’eau est rendu difficile.