La sécheresse : d’où vient-elle et comment agir ?
Date de publication : 2 juillet 2019 | Dernière modification : 4 juillet 2024
Qu’est-ce que la sécheresse ?
La sécheresse est un phénomène naturel caractérisé par un manque d’eau sur une durée suffisamment longue pour affecter les sols et la végétation. Un épisode de sécheresse peut être ponctuel ou cyclique.
La définition de l’état de sécheresse varie suivant les régions du monde :
- En France, on considère qu’il y a sécheresse absolue lorsqu’aucune goutte de pluie (soit moins de 0,2 mm/jour) n’est tombée pendant 15 jours consécutifs.
- Aux États-Unis, la sécheresse est établie si une zone étendue reçoit 30 % de précipitations ou moins par rapport au temps normal sur une période de 21 jours consécutifs.
- En Australie, si une zone reçoit moins de 10 % de précipitations par rapport à la moyenne annuelle, elle est alors considérée comme étant en état de sécheresse.
- En Inde, la sécheresse est établie si les précipitations chutent de 75 % par rapport aux normales saisonnières.
Les différents types de sécheresse
- La sécheresse météorologique (ou atmosphérique) : elle correspond à une pluviométrie trop faible sur une durée prolongée.
- La sécheresse agricole : elle existe lorsque le taux d’humidité dans les sols (à un mètre de profondeur) est trop faible pour assurer de bonnes conditions de cultivation. Ce type de sécheresse survient même en cas de précipitations normales, elle dépend de la nature des sols, des pratiques agricoles et du type de plantes cultivées. Par exemple, le riz et le maïs consomment beaucoup d’eau.
- La sécheresse hydrologique : elle se manifeste lorsque le niveau de l’eau (eaux souterraines dans les nappes phréatiques et eaux de surface dans les rivières, lacs et fleuves) baisse significativement, on parle alors d’étiage. Un volume trop faible de précipitations est un des facteurs déclenchant ce type de sécheresse, mais également la perméabilité des sols contenant ces cours d’eau et qui conditionne la capacité d’infiltration et de ruissellement de l’eau.
Les différentes causes de sécheresse
Les causes naturelles (météorologiques)
Le déficit d’eau et des températures élevées sont les principales causes de sécheresse.
- En cas de précipitations insuffisantes durant l’automne et l’hiver (entre septembre et mars), les réserves d’eau ne peuvent pas se recharger comme elles devraient pour maintenir un équilibre hydrologique.
- Et si ce manque d’eau s’accompagne de températures élevées, cela entraîne une augmentation naturelle de l’évaporation et de l’évapotranspirations des plantes avec pour conséquences un assèchement et une érosion des sols. Et le réchauffement climatique tend à favoriser ces phénomènes.
La météorologie est un indicateur de risque intéressant : à l’inverse des dépressions qui engendrent des précipitations par déplacement de masses d’air froides et humides ascendantes, les anticyclones empêchent les précipitations car ils forment des masses d’air chaudes et sèches descendantes. Aussi, en cas de période anticyclonique prolongée, le risque de sécheresse augmente.
Les causes humaines
Une consommation d’eau excessive pour les activités humaines peut entraîner une aggravation de la sécheresse. Lorsque les réserves d’eau diminuent en raison d’une météorologie défavorable (anticyclone persistant), elles ne sont pas toujours gérées efficacement par l’homme dans le cadre de ses exploitations agricoles, industrielles et domestiques. Une surexploitation des ressources en eau peut entraîner un assèchement des nappes phréatiques et menacer leur pérennité.
Quelles sont les zones les plus touchées par la sécheresse ?
Dans le monde
Des épisodes de sécheresse peuvent toucher n’importe quel pays qui réunit les conditions climatiques suivantes : baisse des précipitations pendant une certaine durée accompagnée de températures élevées. Certaines zones sont plus vulnérables que d’autres et seules les zones polaires et subpolaires sont épargnées par la sécheresse car elles sont entièrement recouvertes de glace.
Parmi les zones les plus touchées par des périodes de sécheresse, on compte les zones tropicales et subtropicales situées au niveau des tropiques du Cancer et du Capricorne. Ce sont en effet les zones qui ont le climat le plus chaud et sec.
Les sécheresses les plus marquantes de ces dernières années concernent le Sahel, la Corne de l’Afrique, le Mexique, le nord-est du Brésil, certaines zones de Chine, d’Inde et de Russie, ainsi que l’Europe du Sud-Est.
Et c’est dans les zones arides que l’on trouve les pays les plus vulnérables comme l’Afrique et l’Asie occidentale.
En France
Selon deux indices produits par des climatologues (SSWI : indice d’humidité des sols et SFI : indice hydrologique), la durée de la déshydratation des sols superficiels est plus importante en Provence, dans les Pays de la Loire, dans le Bassin parisien et les plaines d’Alsace et de Limagne qu’ailleurs en France métropolitaine.
Des informations sur la sécheresse en France sont disponibles sur le site Propluvia qui publie régulièrement des arrêtés et informe le public des mesures de limitation adoptées par la préfecture dans les zones d’alerte.
Source : BRGM
Quelles sont les conséquences de la sécheresse ?
Les conséquences sur la flore
Des arbres secs et déshydratés peuvent finir par mourir et une végétation très sèche peut faciliter des départs de feux, émetteurs de gaz nocifs qui polluent l’atmosphère et accentuent l’effet de serre.
Les arbres deviennent beaucoup plus vulnérables au froid jusqu’à dix ans après un épisode de sécheresse.
Les conséquences sur les sols
Après une période de sécheresse, les sols asséchés ne sont plus en capacité d’absorber correctement les précipitations et cela peut provoquer des crues, des inondations et des glissements de terrain.
Les conséquences sur la faune
L’abaissement du niveau des cours d’eau affecte la survie des poissons ainsi que des animaux qui s’abreuvent dans des points d’eau. Ils doivent alors migrer pour trouver de l’eau et cela déséquilibre l’écosystème.
Les conséquences pour l’homme
En cas de sécheresse, les populations les plus fragiles (bébés, enfants et personnes âgées) risquent une déshydratation qui peut leur être fatale car ils n’ont pas le réflexe de boire pour compenser le manque d’eau dans leur organisme.
Dans les pays qui n’ont pas facilement accès à l’eau, la sécheresse aggrave le risque de famine et d’épidémies en raison de la malnutrition.
La sécheresse augmente les migrations climatiques des populations touchées et peut entraîner des conflits entre peuples.
Les impacts sur l’agriculture
En cas de stress hydrique (disponibilité en eau par an et par habitant inférieure 1 700 m3), les réserves d’eau sont trop faibles pour irriguer correctement les cultures, la production agricole diminue et l’on observe une baisse voire des pertes de récolte.
Les impacts sur l’alimentation en eau potable
En cas de sécheresse, le niveau des rivières, lacs, fleuves et nappes phréatiques est très bas et cela entraîne des restrictions d’eau pour l’irrigation des cultures, les usages domestiques de l’eau (ex : pour arroser des jardins) ou les usages industriels. En milieu rural, l’eau peut être rationnée, voire coupée.
Les impacts sur la qualité de l’eau
En cas de pénurie d’eau, les polluants se diluent moins bien et cela augmente le risque de contamination des réserves hydriques.
Les impacts sur la production d’électricité
L’eau servant à refroidir les centrales nucléaires peut être rationnée en cas de sécheresse et de canicule. Et cela réduit la production d’électricité alors même que les besoins sont accrus : ventilateurs, climatisation, réfrigérateur… sont très consommateurs d’électricité.
Comment agir pour prévenir les risques ?
Pour lutter contre les risques encourus en cas de sécheresse (manque d’eau pour la population, l’agriculture, la faune et la flore), il est important de mettre en place des mesures de prévention et de gestion des réserves.
Comment faire en cas de sécheresse ?
Pour faire face à une insuffisance d’eau en période de sécheresse, les préfets sont amenés à prendre des mesures de restriction sous forme d’arrêtés « Sécheresse ». Ils ne sont prescrits que sur une durée limitée et doivent permettre de répondre aux besoins en eau prioritaires. Il existe 4 niveaux de limitation : vigilance, alerte, crise et crise renforcée.
Les mesures de limitation des prélèvements varient suivant le degré d’alerte et s’adaptent aux différents usagers : domestique, agricole et industriel. (exemples : limitation des prélèvements pour l’arrosage des pelouses, voitures etc., interdiction pour les agriculteurs d’irriguer un jour par semaine, réduction d’activité pour les industries les plus consommatrices d’eau…).
Comment prévenir la sécheresse ?
Pour les usages domestiques, cela passe par des gestes éco responsables : prendre une douche plutôt qu’un bain, réparer toute fuite d’eau sans tarder, installer des équipements sanitaires économes en eau, limiter la consommation de produits dont la fabrication demande beaucoup d’eau…
Pour les usages agricoles, cela passe par un changement des pratiques d’irrigation, un choix de cultures moins gourmandes en eau.
Pour les usages industriels, cela passe par une amélioration des modes opératoires, plus économes en eau.
Pour les collectivités, cela passe par l’entretien des réseaux et la réparation des fuites ainsi que par la collecte des eaux pluviales pour l’arrosage des espaces verts et des terrains de sport.