L’impact des mégots de cigarette sur les ressources en eau
Date de publication : 7 novembre 2019 | Dernière modification : 4 juillet 2024
Le mégot de cigarette : premier responsable de la pollution des océans
Plus que les pailles ou les sacs plastiques, les mégots de cigarette constitueraient le polluant le plus néfaste aux océans, d’après une enquête publiée par NBC News le 27 août 2018.
Quand il était ministre de l’écologie, Nicolas Hulot a fustigé le manque de conscience écologique de nos concitoyens qui continuent largement à jeter leurs mégots de cigarette par terre. Ce sont précisément les filtres des cigarettes qui posent problème car aucune réglementation n’existe à l’échelle de la planète pour procéder à leur élimination et, par conséquent, une très grande partie des mégots se retrouvent dans les mers et les océans. Pour information, 11 milliards de mégots sont jetés chaque jour à travers le monde* et sur cette quantité, 40 % échouent dans les océans.
C’est un problème majeur qui nécessite une vraie prise en charge au niveau mondial, au même titre que les mesures mises en place pour réduire la consommation de plastique. À cet égard, des scientifiques et des activistes écologistes américains ont créé une société à but non lucratif, Cigarette Butt Pollution Projet, afin de faire interdire aux États-Unis et à travers le monde, l’utilisation de filtres à cigarette. Mais les lobbies américains étant particulièrement puissants, l’entreprise n’a pas encore réussi à trouver un accord pour atteindre ses objectifs. Le filtre à cigarette est en effet un puissant argument marketing pour encourager la consommation de cigarettes.
Selon Thomas Novotny, professeur de santé publique à l’université de San Diego, « il est presque certain que les filtres ne présentent aucun avantage pour la santé, qu’ils ne sont qu’un outil marketing [des fabricants de cigarettes] permettant de fumer plus facilement. C’est en revanche un polluant notoire.»
* Source : Consoglobe
Haro sur les mégots ! Quelques chiffres édifiants
- Les cigarettes mettent en moyenne 12 ans pour se dégrader totalement : les filtres se dégradent entre 1 et 2 ans, mais l’un de ses composants, l’acétate de cellulose, met quant à lui près de 10 ans pour se biodégrader.
- Selon La Butt Pollution Projet, sur les 5 200 milliards de cigarettes produites chaque année dans le monde dont la plupart sont dotés de filtres, 66 % finissent dans la nature.
- Sachant qu’un seul mégot peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau, les répercussions des déchets de mégots à l’échelle mondiale sur les ressources en eau sont catastrophiques.
- Les mégots de cigarette représentent 40 % des déchets récupérés dans les villes et sur les plages lors des campagnes internationales de nettoyage. C’est le détritus le plus répandu ramassé sur les plages du monde.
- En France, chaque année, 30 à 40 milliards de mégots sont jetés par terre, dont 40 % échouent dans la nature.
- Une personne qui fume un paquet de cigarettes par jour pendant 50 ans aura indirectement utilisé 1,4 million de litres d’eau pour sa consommation (source : étude de l’Imperial College London publiée en 2018 portant sur les conséquences de la cigarettes sur l’environnement).
Des déchets difficilement recyclables
Chaque cigarette contient près de 4 000 substances chimiques, dont une centaine sont toxiques voire cancérigènes, comme la nicotine, les phénols ou encore les métaux lourds. Et ces substances nocives finissent pour la plupart dans les égouts et se retrouvent dans les usines de dépollution des eaux usées qui ne sont pas équipées pour les traiter.
Devant un tel déferlement de mégots qui polluent les eaux de surface et les nappes phréatiques, des entreprises se sont créées pour recycler les mégots. Par exemple, la société bretonne MéGo recycle les filtres des cigarettes en matière plastique pour les transformer en objets divers : pots à crayons, règles, cendriers… Hélas, ces initiatives, bien qu’étant précieuses et indispensables, sont loin d’être suffisantes à l’échelle mondiale.
L’opération « Zéro Mégot » s’étend de plus en plus
Aujourd’hui en France, afin de limiter la propagation des mégots dans la nature, les pouvoirs publics ont instauré une amende de 68 euros pour chaque personne jetant un mégot par terre. Pour sensibiliser la population sur cette pollution urbaine et changer durablement les comportements des fumeurs qui continuent encore trop souvent à jeter leurs cigarettes par terre, de très nombreuses villes françaises mettent en place régulièrement des opérations « Zéro Mégot ».
En 2018, la métropole de Nantes a mis à disposition d’établissements partenaires (essentiellement des bars et des restaurants) 10 000 cendriers de poche ainsi que des cendriers de terrasse. Les mégots récoltés par les établissements partenaires sont ensuite recyclés par la société MéGo pour leur donner une seconde vie. Ces initiatives se multiplient de plus en plus, aussi bien dans les centres-villes que sur les campus, dans les montagnes ou encore sur les plages.