Services publics d’eau et d’assainissement : pas qu’une question de prix
Dans son numéro de novembre 2013, Que Choisir publie un article sur le prix de l’eau avec des conclusions nuancées. Mais l’économie de la presse n’épargne pas le journal de défense des consommateurs qui choisit de titrer en couverture « Factures d’eau, des écarts injustifiables » pour être plus juste en pages intérieures avec « Prix de l’eau. Enfin une vraie concurrence ». La Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) a donné suite avec un communiqué de presse qui plaide une fois de plus pour qu’on ne mesure pas la performance des services publics d’eau et d’assainissement uniquement par le prix.
Que Choisir remarque que la plupart des contrats conclus ces dernières années ont permis aux collectivités d’obtenir de meilleurs tarifs. C’est bien la démonstration que, si la collectivité joue son rôle, la délégation de service à un opérateur privé n’est pas obligatoirement plus onéreuse. La FNCCR relève que, l’article notant que des régies se trouvent dans le groupe des tarifs les plus élevés, il n’y a donc pas de lien automatique entre le mode de gestion (public ou privé) et le niveau de prix. Que Choisir a bien pris en compte qu’un des éléments de composition du tarif échappe à la décision des collectivités alors qu’il contribue à la disparité des coûts payés par les consommateurs : les redevances fixées par chacune des agences de l’eau varient en effet entre 10 et 25 % de la facture d’eau.
La Fédération des collectivités pointe aussi les faiblesses de l’article. Par exemple qu’il tend à accréditer l’idée simpliste que les collectivités affichant les tarifs les plus bas sont les plus vertueuses alors que, dans la réalité, un faible tarif peut se traduire par un sous-investissement récurrent qui obligera tôt ou tard soit à investir avec de fortes augmentations tarifaires soit à être contraint d’accepter un fonctionnement dégradé du service. Enfin, le choix fait par Que Choisir de raisonner sur une consommation annuelle de 120 m3 pour un abonné direct suscite les réserves du représentant des collectivités. Dans la réalité, la consommation est en moyenne de 60 m3 et beaucoup de foyers en immeuble collectif se voient refacturer par le gestionnaire de l’immeuble souvent de façon invisible. le prix réel payé par le consommateur estpresque toujours différent du prix pour 120 m3 car les tarifs sont basés sur des formules, progressives ou dégressives par exemple.
Pour ceux qui souhaitent aller au-delà d’un palmarès médiatique, le Centre d’information sur l’eau propose sa brochure qui explique quels sont les différents déterminants des tarifs de l’eau et de l’assainissement et comment lire sa facture.