Santé : les paradoxes de l’information sur l’eau
Le fossé est grand entre l’explication rationnelle des faibles risques liés à l’eau sur la santé et la perception empirique du risque qui mène parfois à des psychoses. L’inconnu creuse ce fossé et nourrit les craintes.
L’inconnu, c’est l’éloignement entre le point de production et le point de consommation. L’inconnu, c’est aussi la méconnaissance des procédés de production qui éloigne de la naturalité si rassurante. Cette eau qui arrive d’un monde souterrain non identifiable, dont le parcours semble mystérieux, dans un robinet « sans étiquette », que de craintes ne fait-elle pas naître ? Traitée – donc, chimiquement, c’est sûr ! – pour devenir potable et conforme à plus de 70 normes de qualité, cette eau est-elle sûre ? Modernité : garantie ou risque pour la santé ?
Les risques de l’eau sur la santé : informer ou inquiéter ?
Pour ne pas manquer à l’exigence légitime d’information sur l’eau et pour rassurer, il faut expliquer des processus techniques et scientifiques complexes avec le risque de faire naître de nouvelles craintes sur l’eau et la santé.
Les études du Centre d’information sur l’eau montrent que les Français interrogés sur l’eau et la santé, répondent spontanément qu’ils craignent, dans l’ordre, les nitrates (35 %), puis le calcaire et le chlore (24 %) avant les microbes et virus dans l’eau (17 %).
A ces craintes s’ajoutent celles nées d’une rumeur ou d’une désinformation. Les pesticides font peur dans l’eau alors que la norme est si sévère qu’un léger dépassement temporaire n’est pas préjudiciable et que l’apport de pesticides provient à 90 % des fruits et légumes. Le calcaire est mal aimé par certains alors que c’est du carbonate de calcium que l’on court chercher dans l’eau en bouteille. Les nitrates dans l’eau font peur alors que passé l’âge de 6 mois, un dépassement raisonnable est sans conséquence pour la santé et que l’on mange sans y penser des produits conservés dans des nitrites et des phosphates.
Alors comment donner la juste mesure du risque de l’eau sur notre santé ? C’est probablement dans cette problématique que le médecin, véritable « traducteur » d’une réalité complexe trouve sa place.
Médecins : s’informer sur l’eau pour transmettre
Exception faite de situations ponctuelles dans le temps et l’espace, la France dispose d’une eau de distribution de très bonne qualité. Sans devenir un spécialiste de l’eau, le médecin doit disposer d’informations sur l’eau et de documents lui permettant d’élaborer en pleine conscience une opinion et une réponse concernant les questions de sécurité sanitaire sur la santé face à la demande de ses patients. Une enquête du Centre d’information sur l’eau montrait que les médecins étaient mal armés. La formation universitaire, voire post universitaire, ne leur donne pas les moyens d’expliquer la pertinence des normes fixées pour déterminer la potabilité de l’eau ou la juste mesure du risque pour rassurer quand les craintes sur l’eau ne sont pas fondées.
MEDIC’EAU : un système d’informations sur l’eau et la santé
Depuis 2001, le Centre d’information sur l’eau a mis en place MEDIC’EAU, un système d’informations sur l’eau à l’attention des personnels de santé et auxquels des experts apportent leur concours (Professeur Marc Gentilini de l’Académie de Médecine, Professeur Yves Lévi du Laboratoire de Santé publique de Chatenay-Malabry, Docteur Jean-Michel Lecerf de l’Institut Pasteur de Lille…). MEDIC’EAU met à disposition des dossiers scientifiques sur l’eau autour de trois thèmes spécifiques : eau et physiologie, Eau normes et santé puis eau et terrains spécifiques. Un site dédié est disponible sur www.cieau.com. Des colloques sur l’eau et la santé sont régulièrement organisés (Entretiens de Bichat, Journées Francophones des Nutritionnistes). Des brochures et des affiches sont gracieusement mises à disposition des médecins pour leur salle d’attente. Enfin, la Lettre MEDIC’EAU informe régulièrement sur les sujets d’actualité.
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