Quels sont les enjeux de santé face aux micropolluants ?

Une truite qui saute en dehors de la rivière

Lors des Entretiens de Bichat en 2011, le Centre d’information sur l’eau avait recueilli les propos d’ Yves Lévi, Professeur de santé publique et environnement et membre de l’Académie Nationale de Pharmacie.

Depuis les années 1950, l’industrie de la chimie s’est considérablement développée et a apporté son lot de bienfaits pour la qualité de vie et le confort de l’humanité tels que les médicaments, les retardateurs de flammes, les biocides… Tous ces progrès « humanistes » ont pourtant un revers de la médaille : la contamination, volontaire ou non, de l’environnement et donc l’exposition potentielle des ressources en eau à ce risque. Le Pr Yves Lévi explique que « la multi exposition de l’homme aux micropolluants multiplie les contaminations potentielles et augmente le risque sanitaire ».

Contamination des milieux aquatiques

Il est regrettable que les milieux aquatiques, origine de la vie sur Terre, soient le réceptacle de nos polluants de toutes sortes, qu’il s’agisse de polluants organiques persistants (pesticides), des solvants, des résidus de détergents, des plastifiants (bisphénol A), des nanoparticules ou des résidus de médicaments.

Mais le Pr Yves Lévi souligne que « les pollutions des ressources d’eau ont souvent une origine éloignée du lieu de pompage. Protéger les eaux de captage doit se faire en amont afin que les eaux en aval soient non polluées donc plus faciles à traiter. » L’origine de cette pollution est diverse et peut se produire à partir de rejets de stations d’épuration urbaines ou industrielles, de déversements directs (décharge sauva) ou des lessivages des surfaces par la pluie.

La sécurité d’une surveillance rigoureuse

Fort heureusement, les techniques actuelles permettent de surveiller de près les taux de micropolluants dans tous les milieux aquatiques naturels ou créés par l’homme.
Dès la détection de très faibles traces de molécules minérales ou organiques, l’opinion publique est immédiatement alertée afin de prévenir tous risques sanitaires ou écologiques.

Pour parfaire cette détection minutieuse et précieuse, de nouveaux outils spécifiques d’évaluation quantitative des risques sont en permanence en cours de développement afin de toujours mieux guider les actions de prévention lors du traitement et du transport des eaux de consommation.

Le Pr Yves Lévi rappelle aussi qu’au fil du temps « La qualité de l’eau potable n’a cessé de s’améliorer ».

Les risques pour la santé

Les études auprès de modèles animaux et les échanges entre les experts ont permis d’obtenir des informations sur l’impact sanitaire des micropolluants.
A l’heure actuelle, ces micropollutions multiples peuvent perturber certaines espèces animales en créant de possibles dérèglements hormonaux, immunodépressions, cancers ou malformations…

Le Pr Yves Lévi insiste cependant sur le fait que « les risques liés à ces micropolluants sont connus mais ils n’ont pas été validés sur l’homme et sont très difficiles à extrapoler à partir des résultats obtenus. »

La prévention sanitaire et écologique est de rigueur afin de limiter les effets potentiels sur l’homme. « Le premier maillon de la prévention commence par une meilleure gestion des rejets de nos déchets » conclue-t-il.

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Marillys Macé

Directrice générale du Centre d’information sur l’eau, dont la vocation est d'apporter des connaissances pédagogiques sur l'eau distribuée et sur la gestion de l'eau en France, d'analyser les comportements des consommateurs et d'analyser le discours des médias.

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