Nous ne buvons pas nos ressources en eau
Trop souvent, j’entends dire que l’eau du robinet produite avec une ressource de mauvaise qualité est elle-même médiocre. Halte à cette idée fausse, peut-être entretenue pour le bénéfice de certains qui surfent sur la complexité pour le public à appréhender la technicité du métier de production d’eau potable. Répétons donc, à l’unisson avec nombre d’associations de consommateurs et d’associations environnementales, que l’eau du robinet, en France, est globalement de très bonne qualité malgré la pollution de nos ressources en eau.
L’eau propre à la consommation humaine n’existe quasiment pas, sinon pas, dans la nature. Pour qu’une eau soit jugée apte à être utilisée, elle doit répondre à de nombreux critères aussi bien microbiologiques que chimiques ou même organoleptiques. C’est tout le travail de raffinage qui s’accomplit dans l’usine de production d’eau potable. Au passage, ce n’est pas parce que l’on parle d' »usine » qu’il faut croire que les traitements imposés à l’eau brute soient de l’ordre du « petit chimiste ». Contrairement à ce que l’on pense fréquemment, la grande majorité des étapes du processus (6 sans compter le captage) passent par des grilles, des tamis, du sable ou du charbon actif. Peut-être que cette perception d’eau traitée de manière artificielle vient du fait qu’à l’arrivée « elle sent l’eau de javel ». Pourtant cet ajout, limité par la réglementation (l’équivalent d’une goutte pour 200 litres d’eau), reste indispensable pour contenir le développement microbiologique lors du transport et du stockage de l’eau dans les canalisations (souvent sur des kilomètres) et se combat aisément (mettre l’eau en carafe pour l’aérer, c’est magique).
Il faut rappeler qu’une ressource ne peut être utilisée que si on est certain que les techniques de potabilisation assureront une eau du robinet de bonne qualité. C’est ainsi que des ressources passent obligatoirement par des traitements adaptés à leur niveau de qualité (classement dans 3 catégories) et que, trop exposées aux pollutions diffuses, elles sont interdites d’utilisation. Il faut dire aussi que dans la filière de l’eau potable, la réglementation est omniprésente : les matériaux utilisés, les installations et les pièces détachées de l’usine, les produits de traitement ou d’entretien, les processus de traitement, les composants dans l’eau, autant d’éléments différents qui doivent répondre à des autorisations, des agréments et des normes après avoir fait l’objet d’études, de recherches, de débats d’experts sur plusieurs années, en France certes, mais surtout à l’échelon européen, lui-même dépendant de recommandations de la part de l’Organisation Mondiale de la Santé. Cela paraît long et lourd mais c’est le gage de notre sécurité et de notre santé.
Je ne reviendrai pas sur les contrôles. Plus personne n’ignore que l’eau en subit tout au long de son parcours jusqu’au robinet. Par contre, il me semble important de revenir sur l’obligation de résultat (ce qui est primordial pour la santé des utilisateurs) qui incombe à n’importe quel producteur d’eau. Il a pour impératif de fournir une eau saine qu’elle que soit la situation. Ce qui veut dire, par exemple, qu’en cas de pollution accidentelle ou de pollution diffuse, il doit agir avec tous les moyens à sa disposition, et ce « sans état d’âme, alors même qu’il n’est pas le pollueur.
Analyses des pollutions accidentelles ou de la composition des eaux usées, protocoles de détection des substances, modélisation de la diffusion des polluants pour mieux organiser la protection des captages, traitements innovants…. On ne peut que se réjouïr de cette prise en compte curative des pollutions créées par les différentes activités mais, la pollution généralisée partout dans le monde pousse à s’engager aussi résolument dans la voie des solutions préventives.
Fotolia.com