Les égouts, çà chauffe !

Les eaux usées ne peuvent plus être considérées comme des déchets : l’eau devient trop précieuse, il faut donc se donner la possibilité de s’en resservir. L’innovation technique permet désormais que les stations d’assainissement donnent une autre vie aux eaux usées qu’elles dépolluent. Et notamment en la transformant en énergie thermique.

Des millions de kilowattheures d’énergie thermique s’évadent par les canalisations d’eaux usées

Les eaux usées que nous produisons quotidiennement sont évacués par les canalisations à une température pouvant dépasser 50°C. C’est un gisement de chaleur qu’on ne peut plus laisser inexploité. Logements, bureaux, artisanat et industries rejettent 5 milliards de m3 d’eau tiède dans le réseau d’assainissement  dont il serait possible, théoriquement, de récupérer plusieurs millions de mégawattheures d’énergie thermique par an.

Cà marche comment ?

Le long du trajet des eaux usées est disposé un échangeur de chaleur, dans lequel circule un fluide caloporteur. Les calories lui sont communiquées avant d’être dirigées vers une pompe à chaleur d’un système de distribution de chaleur : réseau urbain, émetteurs d’un immeuble, etc. On peut même prévoir une utilisation réversible en mode rafraîchissement : les eaux usées, dont la température reste inférieure à celle de l’air ambiant en été, servent alors de source froide à la pompe à chaleur. Seule contrainte du système : le bâtiment à chauffer doit être proche de l’égout (500 mètres maximum) pour éviter les déperditions d’énergie.Le bilan climatique montre que les émissions de CO2 peuvent être divisées par cinq.

En France, de plus en plus d’exemples

En France, de plus en plus de projets voient le jour. A Lyon, un hôtel a fait installé un récupérateur placé sur les évacuations des lavabos, douches et baignoires. A Nanterre, les 650 logements de l’éco-quartier de Boule-Sainte-Geneviève sont en partie chauffés et approvisionnés en eau chaude sanitaire grâce à une pompe à chaleur qui puise ses calories dans le réseau d’assainissement. A Paris, un groupe scolaire parisien est chauffé grâce à la chaleur des eaux usées et évite ainsi l’émission de 76,3 tonnes de CO2 chaque année. Le centre aquatique de Levallois, l’Hôtel de Ville de Valenciennes, l’hôtel de la communauté urbaine de Bordeaux sont chauffés grâce à cette méthode. Il en est de même pour  la plate-forme du tramway de Dijon.

 

 

 

 

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Marillys Macé

Directrice générale du Centre d’information sur l’eau, dont la vocation est d'apporter des connaissances pédagogiques sur l'eau distribuée et sur la gestion de l'eau en France, d'analyser les comportements des consommateurs et d'analyser le discours des médias.

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