Les agriculteurs producteurs d’eau potable

Quel regard les Français portent-ils sur l’eau ?

Tous les ans depuis près de 30 ans, c’est leur opinion que Le Centre d’information sur l’eau recueille, dans une grande enquête, nationale et régionale, menée par Kantar.

C’est par ce titre antinomique que la Société des Agriculteurs de France (SAF), think tank de 145 ans d’âge, propose d’aller vers un pacte pour l’eau potable entre les agriculteurs et la société : en contrepartie des subventions perçues, les agriculteurs fourniraient à la société des services majeurs. La préservation de l’eau potable serait l’un d’entre eux.

Les agriculteurs au service de l’eau potable

En abordant le sujet de l’eau potable, la SAF souhaite montrer que les agriculteurs peuvent intégrer la démarche collective de tout un territoire hydrogéologique et non pas seulement sur leur exploitation agricole. Il faut en effet trouver un point d’équilibre pour que cohabitent la poursuite de l’activité économique agricole et la préservation de la qualité de l’eau potable sur au moins le quart de la surface agricole française où ont été mis en place plus de 500 captages d’eau prioritaires fragilisés par les pollutions diffuses.

Eau potable : prise de conscience des agriculteurs

Si la SAF reconnait que produire mieux est devenue une obligation en raison de la diminution de la disponibilité en eau (mais aussi en raison de l’augmentation des coûts du phosphate), elle rappelle lourdement que l’agriculture va devoir nourrir 9 milliards d’êtres humains et que des émeutes de la faim ont touché 37 pays en 2007-2008. Mais, pour cette organisation, il est clair que l’agriculture productiviste côtoiera agriculture raisonnée et agriculture biologique.

Respecter les entreprises agricoles individuelles

Pour le monde environnemental, l’action collective est nécessaire pour les ressources en eau. Les agriculteurs craignent donc que cette gestion commune se manifeste par des outils réglementaires imposés au plus grand nombre pour limiter les usages de propriété et d’exploitation. Ils proposent plutôt d’agréger les stratégies individuelles dans une démarche collective de territoire et d’élargir la consultation d’acteurs « de la fourche à la fourchette » et ainsi de faire peser sur les décisions les entreprises agro-alimentaires et les consommateurs.

Déterminer l’origine agricole des pollutions de l’eau

La SAF considère qu’il faut gérer les flux de polluants d’origine agricole selon l’environnement naturel, hydrologique, géologique et climatique et parle de « servitudes naturelles » à identifier. Tout comme elle pense que toutes les parcelles ne contribuent pas de la même façon aux pollutions : ainsi, on ne serait pas contraint de traiter une aire d’alimentation de captage d’eau potable de manière identique sur toute sa surface.

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Marillys Macé

Directrice générale du Centre d’information sur l’eau, dont la vocation est d'apporter des connaissances pédagogiques sur l'eau distribuée et sur la gestion de l'eau en France, d'analyser les comportements des consommateurs et d'analyser le discours des médias.

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