Les adoucisseurs domestiques : ça sert?

On craint souvent que son eau soit trop « calcaire », redoutant peut-être une influence néfaste sur la santé…imaginant alors un effet comparable à celui constaté sur la résistance de nos machines à laver…le calcaire et ses fameux « dépôts »… Alors, faut-il « adoucir » son eau pour en diminuer la teneur en calcaire ? La question est souvent posée au Centre d’information sur l’eau.

On entend parler d’eau «dure». C’est en fait une eau riche en carbonates de calcium et de magnésium. L’eau du robinet étant un produit de terroir, la teneur en sels minéraux dépend localement de la ressource exploitée dans le milieu naturel et de la composition des sols traversés.
La dureté de l’eau est exprimée en degrés français (°F) (1).  Selon les régions, la contribution de l’eau du robinet à l’apport de calcium et de magnésium peut s’élever de 5 à 15 % des besoins journaliers! La dureté de l’eau ne fait l’objet d’aucune norme, car il n’existe pas de toxicité reconnue pour l’homme.

Alors, adoucir : comment ? Pourquoi ? Le procédé utilisé pour adoucir l’eau fait appel à une « résine » riche en sodium (sel) au travers de laquelle l’eau va passer. Un mécanisme « d’échange » va alors se mettre en place, calcium et magnésium seront « captés » par la résine alors que le sodium sera libéré. Lorsque l’eau est dure, on peut donc faire le choix d’utiliser un adoucisseur afin d’éviter le dépôt du tartre dans les canalisations et dans les appareils électroménagers. Certains décrivent un éventuel bénéfice en termes de facilité ou de qualité de lavage du linge, de la vaisselle.

Oui mais… adoucir, c’est également se priver d’une source alimentaire de calcium, dont on connaît pourtant l’importance à tous les âges de la vie. Au-delà de cet argument nutritionnel, il faut également se rappeler que l’utilisation d’un adoucisseur entraine une légère augmentation de la consommation d’eau due au rinçage nécessité par la résine. L’appareil, le plus souvent branché juste après le compteur, alimente l’habitation toute entière en eau adoucie alors que, par exemple, l’arrosage des plantes ne requiert en aucun cas l’utilisation d’une eau adoucie. Bien au contraire, une eau trop riche en sodium (sel) peut nuire à certains végétaux. L’augmentation de la teneur en sodium de l’eau adoucie est également à considérer avec prudence chez certains patients fragilisés par exemple par une pathologie cardiaque ou rénale.

Enfin, l’eau «adoucie» devient plus corrosive pour les canalisations, pouvant entraîner la libération de particules de métal des canalisations et le développement de bactéries dans la résine. Surtout si l’eau stagne trop. Adoucir l’eau froide est par ailleurs sans réelle utilité puisque c’est la température qui entraîne la précipitation du tartre.

Le choix de l’adoucisseur reste donc une décision « de confort » et non de qualité. Des précautions s’imposeront toujours dans le cas du recours à cette technique : utilisation de modèles validés en termes d’efficacité et d’innocuité par des laboratoires agréés, installation par un professionnel, souscription d’un contrat d’entretien.

(1) Un degré français équivaut à 4 mg de calcium et 2,4 mg de magnésium par litre d’eau. On parle d’une eau très douce pour une dureté de 0 à 7, douce de 7 à 15, moyennement dure de 15 à 25, dure de 25 à 42 et enfin très dure pour des valeurs supérieures à 42.

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Marillys Macé

Directrice générale du Centre d’information sur l’eau, dont la vocation est d'apporter des connaissances pédagogiques sur l'eau distribuée et sur la gestion de l'eau en France, d'analyser les comportements des consommateurs et d'analyser le discours des médias.

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