L’eau usée traitée : une ressource alternative
Lorsque la chaleur revient, on pense immanquablement à l’éventuelle pénurie d’eau. Se fait alors plus présente l’idée que, pour certains usages on n’aurait pas besoin d’une eau d’une extrême qualité comme l’est l’eau potable. Qu’en est-il de cette ressource alternative alors que les besoins croissants en eau, sa disponibilité et sa préservation sont devenus des enjeux, même en France où on ne manque pas de ressources en eau.
La réutilisation des eaux usées traitées concerne l’irrigation en agriculture, l’utilisation industrielle, l’arrosage des espaces verts, l’entretien des golfs, la recharge de nappes souterraines ou la lutte contre l’entrée de l’eau saline dans les aquifères. Réutiliser les eaux usées permet aussi de limiter leur retour dans le milieu naturel à proximité de zones de conchyliculture ou de baignade. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a fait des recommandations pour la réutilisation des eaux usées. Beaucoup de pays, (Espagne, Maroc, Australie, Israël, Singapour, Etats-Unis, Italie, Chypre…) utilisent leurs eaux usées récupérées à la sortie de la station de dépollution et qui ont subi un traitement complémentaire de sécurité (chlore, UV, lagunage, système membranaire, osmose inversée, ozonation, charbon…)
En France, depuis les années 1980 les entreprises de l’eau proposent des solutions fiables de réutilisation des eaux usées. Mais, seule l’irrigation des terres agricoles et des espaces verts est autorisée. Elle est pratiquée selon les recommandations du Conseil Supérieur d’Hygiène publique de France (CSHPF) et un arrêté draconien de 2010. En effet, les ministères concernés (Santé, Développement durable et Agriculture) appliquent le principe de précaution puisque des risques sanitaires existent, les eaux usées traitées contenant de faibles concentrations de bactéries pathogènes.
En 2012, l’Agence Nationale de Sécurité sanitaire a rendu ses recommandations concernant les aspects technologiques, les conditions climatiques, les périmètres de sécurité et des analyses qui devraient permettre la sortie d’un nouvel arrêté à l’automne 2013.
Nous sommes donc encore loin d’utiliser les eaux usées traitées pour faire de l’eau potable comme cela se pratique depuis plusieurs années en Namibie. Il s’agit donc de combattre ‘ idée préconçue d’un circuit fermé entre eau potable et eaux usées qui empêche encore certains de boire l’eau de robinet en toute confiance. Pourtant, en France, le taux de conformité des analyses bactériologiques est de 99,7 %.