Le lac Tchad, « laboratoire » de l’eau durable
Le processus de classement du Lac Tchad comme «patrimoine de l’humanité « est en cours. Paul Kakpo dirige l’agence africaine de développement durable (agadd). Il sera présent au Forum mondial de l’eau qui s’ouvre lundi prochain. Il aime à prendre l’exemple du Lac Tchad comme laboratoire mondial du développement durable. De 25 000 km2, il y a 50 ans, avec une population de 3 millions d’habitants, la superficie du lac est aujourd’hui réduite à 2500 km2 alors que plus de 30 millions de personnes vivent désormais sur ses rives. Zoom serré sur un cas concret.
Conséquence de la pression démographique couplée à la baisse des eaux : une raréfaction de la ressource halieutique, des familles de pêcheurs sans revenus, des problèmes d’assainissement et de santé, une population en grand danger loin de la voie du développement auquel elle est en droit d’aspirer.
La situation est complexe : hydrologues, géographes, mais aussi paléoclimatologues, sociologues, agronomes, énergéticiens, ont dressé un état des lieux qui met en avant l’imbrication des questions de ressources en eau, de biodiversité, de santé, d’économie locale, voire de stabilité politique dans la région. C’est qu’il faut éviter les photographies simplistes et être objectif: certains spécialistes sont moins pessimistes, et envisagent, en tenant compte des spécificités du Lac, que sa surface minimale soit déjà atteinte. Si la pêche est gravement menacée, une agriculture nouvelle a vu le jour sur les rives découvertes et fertiles. Elle répond à la forte demande de la capitale tchadienne, qui compte désormais 1 million d’habitants. Le lac Tchad doit donc être considéré comme un système complexe et productif dans lequel agriculteurs, éleveurs, et pêcheurs se partagent à la fois les marchés et les ressources en terre, en végétation naturelle et en eau. Ses échanges avec sa périphérie et les villes ne peuvent se concevoir indépendamment de l’aménagement du territoire. Pour cette raison, les organisations de la société civile sont des interlocuteurs auxquels il n’est pas suffisamment fait appel aujourd’hui. Ils sont présents , mais peinent à se faire entendre à la mesure de leur importance. Bassin du Congo, du fleuve Niger, désertification ou inondations récurrentes dans les pays du golfe du Bénin, pression démographique et urbanisation, partout les solutions doivent être apportées avec un regard nouveau sur le développement, en interrelation avec l’environnement mais qui garde la priorité à l’homme. C’est donc chaque africain qui est concerné par le devenir du lac Tchad, qui doit réussir sa transition vers un environnement humain durable.
Au cours du Forum mondial de l’eau, le Tchad va présenter différents projets afin de sauver le Lac Tchad, rappelle Paul Kakpo dans son blog.
Pour en finir avec les bidons rouillés servant à ramener de l’eau dans les villages.
Photo ©agadd pour ce blog