Le génie de l’eau, source de vie
Depuis l’apparition de la vie sur terre, l’eau tient un rôle structurant dans les sociétés. Matrice des espèces végétales, animales et humaines, elle préside à leur évolution ; elle commande les transformations du milieu en fonction des variations climatiques, sculpte les paysages, détermine les activités de l’homme.
La puissance civilisatrice de l’eau
La puissance civilisatrice de l’eau soumet les hommes à sa logique avant qu’ils ne la soumettent à leur profit. Source de vie, elle organise l’implantation humaine, contribuant à déterminer l’emplacement des terres agricoles, des villages, de l’artisanat, des villes, des activités industrielles et énergétiques, depuis les moulins à vent jusqu’aux usines hydroélectriques et aux centrales nucléaires.
Eau : mythes et symboliques
L’impérieuse nécessité de l’eau à la survie de l’homme la situe dans la recherche de spiritualité des sociétés. Considérée autrefois comme un don de Dieu, des divinités ou de la nature, l’eau occupa un rôle symbolique et sacré dans la plupart des cultures humaines. L’eau figure dans les croyances de la plupart des religions polythéistes et monothéistes.
Elle symbolise le passage vers la mort : traversée du Styx vers les enfers dans la mythologie ancienne, aspersion du cercueil avec de l’eau bénite, toilette des morts dans le rituel judaïque ou flacon d’eau pour le « glush » de la toilette funéraire dans la religion islamique.
L’eau purificatrice permet de se présenter devant Dieu au moment ultime mais aussi aux moments de prières quotidiennes ou exceptionnelles. L’eau marque également la consécration à Dieu participant aux rituels de la religion catholique (eaux lustrales) lors des naissances (baptêmes) ou de l’ordination des prêtres. L’eau qui mène à la divinité se retrouve également dans les rites païens : fontaines miraculeuses des cultes celtiques, croyances de nos aïeules qui jetaient le lange du bébé dans la fontaine (si le lange surnageait le bébé allait survivre), baptêmes religieux de bateaux ou de constructions (perpétués par le baptême profane au champagne).
L’eau et son pouvoir sur l’homme
Puissante, la force de l’eau est mise à profit pour créer des lieux de vie, apporter l’eau aux maisons, porter les navires, irriguer les champs, faire tourner les machines.
C’est la nécessité de rationaliser la répartition de l’eau qui donne naissance dès l’Antiquité aux prémices de l’administration et initia une première gestion des ressources en eau. Depuis un siècle, elle est devenue le produit le plus largement distribué, le plus contrôlé, soumis à un appareil administratif et réglementaire national et européen complet et complexe.
Depuis 30 ans, on assiste à un retour vers son rôle originel : maîtrisée, l’eau redevient structurante. Elle recommence à commander l’homme, en particulier en France et en Europe. En effet, la pollution ou la disponibilité insuffisante de la ressource en eau font prendre conscience à l’homme qu’il doit adapter sa gestion à la nature et à sa protection.
L’agriculture et l’industrie tentent de réorienter leurs pratiques pour limiter la dégradation de la ressource en eau. Ainsi, se fait jour une reconnaissance du pouvoir de l’eau qui suscite une remise en ordre, réoriente le travail, les loisirs et les rythmes du quotidien. Et sur la planète, dite bleue, où tant d’humains n’ont pas accès à l’eau potable, le « concert » des nations, de sommets en colloques, cherche à trouver la juste organisation de l’eau, celle qui réconcilierait l’accès à l’eau pour tous et les impératifs de développement social et économique pour les pays les plus défavorisés.
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