La quête de l’eau : peuplement et ressource en eau

Une année riche d’actualité sur l’eau, qui influe sur l’opinion et les attentes des Français.

Tous les ans, nous interrogeons les Français sur ce qu’ils pensent de
leurs services d’eau : Ont-ils confiance ? Sont-ils satisfaits ? Sont-ils
inquiets de manquer d’eau ? Quelles sont leurs habitudes de
consommation ?...
Cette année a été marquée par une actualité très riche, que ce soit en
termes d’appels répétés à la sobriété face aux effets du dérèglement
climatique, de questions sur la qualité de l’eau suscitées par l’évolution de
la réglementation ou encore d’impacts de l’inflation sur le service de l’eau.
Autant d’éléments dont les effets sont bien mesurables sur l’opinion des
Français… et qui suscitent de réelles attentes de solutions à apporter par
les acteurs de l’eau.

Si l’on compare deux planisphères indiquant les points d’eau d’une part et la répartition des groupes humains d’autre part, on observe qu’ils se superposent.

La présence d’eau facile à capter soit parce qu’elle est en surface, soit parce que la nappe est à faible profondeur, a contribué à fixer les villes, les bourgs et les villages. Il existe peu de grandes villes dans le monde qui ne se soit pas établies sur les bords d’un fleuve, d’une rivière ou à proximité de points d’eau suffisants pour les arroser. C’est le cas de Paris, Lyon, Toulouse, Bordeaux ou Strasbourg mais aussi de Damas en Syrie, de Rio ou de Sao Paulo au Brésil, de Fès au Maroc.

Sources d’eau à Paris

Prenons le cas de Paris. Des sources d’eau coulent toujours sous Notre Dame dans l’île de la Cité. Objets de vénération, ce sont elles qui fixèrent la bourgade qui précéda Lutèce. Établie au milieu du fleuve, facile à défendre, située à la confluence des routes menant du nord au sud et de l’est à l’ouest, la cité gauloise possédait tous les atouts nécessaires à la prospérité d’une ville.

La présence d’eau n’a pas présidé à l’établissement des seules villes. Dans les campagnes, les hameaux et les fermes isolées s’établissent toujours à proximité de points d’eau. L’élevage nécessite 2 à 50 litres d’eau au quotidien par tête de bétail, et les herbages et les cultures céréalières prospèrent sous des cieux pluvieux.

Avant l’existence des réseaux de distribution d’eau, il fallait recourir au transport de l’eau à dos d’homme ou d’animal. La corvée quotidienne de l’eau, symbolisée dans la littérature française par la petite Cosette, n’appartient pas à un passé si lointain. La quête de l’eau structurait alors le rythme de la vie quotidienne. En ville, les familles les plus pauvres s’en allaient ainsi quérir leur eau. Les plus fortunés avaient à leur service des domestiques ou faisaient appel aux porteurs d’eau, quelques centaines d’hommes dans le Paris du XVIIIème siècle, une corporation qui disparaît vers 1900.

De toute façon, l’eau a un coût, plus ou moins visible selon les époques, physique ou marchand. La quête de l’eau exige du temps, des efforts, de la force, de la constance.  En somme, il coûte de puiser de l’eau, de la transporter, de l’apporter à domicile, à moins qu’on ait la chance de l’avoir à portée de main dans la cour de la ferme ou de la demeure urbaine.

Mais que survienne un siège ou que l’ennemi empoisonne l’eau, que l’eau soit polluée, que la nappe souterraine vienne à s’enfoncer, que la corvée d’eau favorise la transmission de maladies par la sueur déposée sur la poignée de la fontaine (cas du choléra), ce sont alors la maladie et la mort qui rôdent, aboutissant parfois à l’abandon du site de peuplement.

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Marillys Macé

Directrice générale du Centre d’information sur l’eau, dont la vocation est d'apporter des connaissances pédagogiques sur l'eau distribuée et sur la gestion de l'eau en France, d'analyser les comportements des consommateurs et d'analyser le discours des médias.

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