La journée mondiale des toilettes

Depuis 12 ans, chaque 19 novembre, on célèbre les toilettes. Il n’y a pas de quoi rire : 2,6 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à un assainissement de base et 2 millions d’enfants en meurent.

En Afrique subsaharienne et en Asie du Sud Est, plus du tiers des populations sont privées de toilettes. En Ethiopie et en Afghanistan, rappellent les ONG, moins d’un habitant sur 10 à accès à un assainissement.

Pourtant, en 2000, l’Objectif Mondial fixé par l’ONU était de réduire de 75% en 2015 le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’assainissement. On est loin du compte en 2012, ce qu’avait martelé le Forum Mondial de l’Eau tenu à Marseille en mars dernier, qui en avait fait sa priorité pour rappeler à l’ordre les Etats sur cette priorité humaine. Certes, s’équiper en système d’assainissement oblige un Etat, premièrement à changer sa manière de penser car les toilettes sont considérées comme faisant partie de la sphère privée et, deuxièmement, de consacrer beaucoup d’argent à quelque chose de beaucoup moins valorisant parce qu’invisible qu’une route, par exemple. Pour sa part, le fondateur d’Apple, Bill Gates, a mobilisé sa fondation pour inventer les toilettes de demain.

Etre privé d’assainissement a plusieurs retentissements. Le premier est d’ordre sanitaire puisque les excréments chargés en germes vont se retrouver dans les nappes souterraines qui alimentent les puits en eau pour boire et préparer les repas et dans les cours d’eau où les personnes se lavent ou lavent leur linge. Le second est le problème d’éducation des filles. Des pays sont confrontés au fait que les parents n’envoient pas leur fille à l’école quand des toilettes ne leur sont pas réservées. Quand les filles y vont tout de même, elles peuvent faire l’objet d’agressions sexuelles lorsqu’elles s’éloignent de l’école pour se soulager. Enfin, il a été calculé que la perte économique causée par le manque d’assainissement (personnes ne pouvant aller travailler en raison d’une maladie hydrique) s’élève à 260 milliards de dollars.

En France, nous n’avons bien sûr pas la même ampleur de problème. Cependant, les élus locaux portent une attention particulière pour que les personnes les plus démunies (sans abri ou en logement précaire, gens du voyage, forains) mais aussi personnes handicapées, promeneurs et touristes puissent disposer de toilettes publiques alors que des difficultés normatives et techniques contraignent parfois à fermer des WC publics.

Pour la petite histoire, rappelons qu’en 1980, en France, alors que nous inaugurions le Train à Grande Vitesse, il y avait encore 4 Français sur 10 qui ne possédaient pas de WC intérieurs ! Depuis, nos installations collectives et privées ont faitdes progrès remarquables, comme l’explique le Centre d’information sur l’eau.

 

Photographie :@Thinkstock

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Marillys Macé

Directrice générale du Centre d’information sur l’eau, dont la vocation est d'apporter des connaissances pédagogiques sur l'eau distribuée et sur la gestion de l'eau en France, d'analyser les comportements des consommateurs et d'analyser le discours des médias.

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