La facture d’eau arrive chez les Irlandais
Jusqu’à ce 1er janvier 2015, l’Irlande était une exception dans l’Union Européenne : elle était le dernier pays où les consommateurs ne s’acquittaient pas de factures d’eau. Le plan d’aide financière du Fonds Monétaire International (FMI) et le soutien de l’Union Européenne consentis à l’Irlande obligeaient cette dernière à mettre en place cette mesure.
Avant 2015, l’eau était payée par l’impôt
Il serait faut de croire que le service de l’eau était gratuit en Irlande. Si les consommateurs n’étaient pas les payeurs directs de l’eau, c’est que les citoyens finançaient le coût de l’adduction et du traitement de l’eau potable en payant leurs impôts. Et ce, à hauteur de 1,2 milliard d’euros chaque année. Avec ce système, personne ne payait pour l’eau qu’il utilisait effectivement (160 litres par jour en moyenne) et il devait être bien difficile de se sentir responsabilisé dans sa consommation alors que la ressource en eau est devenue précieuse.
Conséquence : une gestion de l’eau peu optimisée
Jusqu’à ce jour, l’eau était fournie aux 45 millions d’Irlandais par une trentaine de régies, toutes de petite taille et donc incapables de faire face aux besoins d’investissements pour maintenir l’efficacité des infrastructures. Le taux de fuite des réseaux irlandais est supérieur à 40% quand il est de 20 % en France. En 2002, la Cour européenne avait condamné l’Irlande pour non application de la directive sur l’eau potable. En 2007, la mauvaise qualité des traitements de l’eau potable avait entraîné une épidémie de gastro-entérites à Galway (72 000 habitants). En 2013, Dublin (1,3 million d’habitants) a connu de nombreuses et longues coupures d’approvisionnement en eau.
Ce qui va changer
La distribution de l’eau sera désormais gérée par une société semi publique créée depuis peu. Les foyers irlandais vont être équipés d’un compteur de nouvel génération, capable d’être relevé à distance et de détecter une fuite d’eau. Ils recevront une facture de leur consommation réelle. Une famille devrait régler 260 euros par an (facture moyenne en France : 426 euros). Les usagers les plus démunis seront aidés à hauteur de 100 euros par an.
Cette réforme est impopulaire. Pourtant elle est indispensable pour faire face aux enjeux en matière d’eau auxquels il va falloir faire face ces prochaines années, que ce soit en Irlande,dans le reste de l’Union européenne mais également au niveau mondial.