Jetez-vous à l’eau !
En France, les baigneurs peuvent se prendre pour Yannick Aniel sur 3000 spots de baignade en eau de mer ou en eau douce. Tous font l’objet de contrôles microbiologiques : l’année dernière, 97,5 % d’entre eux répondaient aux normes de qualité. Selon la Commission Européenne, 92,1 % des sites européens sont conformes aux valeurs guides.
Mais, au fait, pourquoi l’eau qui me parait claire, présenterait-elle un risque bactériologique pour ma santé ? Eaux usées domestiques, pratiques agricoles, activités industrielles mais aussi les baigneurs eux-mêmes sont des sources de dégradation de la qualité des eaux de baignade. Auxquelles on peut ajouter le ruissèlement des eaux de pluies ou le déversement d’eaux résiduaires non dépolluées ou partiellement traitées qui véhiculent les bactéries fécales. En effet, même si la plupart des rejets directs sont maîtrisés et si les stations de dépollution répondent aux normes européennes, le fonctionnement des réseaux d’assainissement, dans les agglomérations littorales notamment, doit être capable d’acheminer toutes les eaux vers la station de dépollution lors d’un épisode pluvieux. Sans compter l’effort à accomplir pour que les systèmes individuels d’assainissement soient tous efficaces.
Certes, la plupart du temps, une dégradation de la qualité de l’eau de baignade se traduit par des démangeaisons, une gastro-entérite ou une otite mais, beaucoup plus rarement, par des pathologies plus sérieuses. Ce qui n’est ni bon pour la santé publique ni pour l’image d’un site touristique. Dès 2008, nombre de maires ayant la responsabilité de zones de baignade ont donc choisi de précéder la réglementation européenne, qui s’appliquera en France en 2013, en passant commande à des entreprises de l’eau, qui sont dotées de matériels de laboratoire en pointe, pour mettre en place durant la période de baignade des contrôles journaliers avec des résultats en une heure et une modélisation qui indique le devenir des flux bactériens.
Et les pollutions chimiques en zones de baignade ? me direz-vous. Effectivement, elles peuvent se produire en cas de débordement du réseau unitaire (système d’assainissement où se rejoignent eaux usées domestiques et industrielles et eaux de pluie). Mais, la prise en charge des pollutions chimiques existe bien au-delà des eaux de baignade. L’arsenal d’intervention a été mis en place avec l’objectif général de protéger notre santé et notre environnement. D’abord par des actions préventives, ensuite en améliorant sans cesse la performance des stations de dépollution des eaux usées dont la qualité des rejets est contrôlé en continu et enfin, en ayant mis en place des programmes de recherche, notamment sur les polluants émergents. Faire des contrôles dédiés dans les zones de baignade n’apporterait sans doute rien de plus. Restons conscients que le véritable risque pour la santé quand on se baigne est microbiologique. Les traces de pollution chimique, avec des mélanges de substances à des taux infinitésimaux (de l’ordre d’un millionième de gramme par litre) ne doivent pas nous éloigner des risques tangibles. Pour les traces de médicaments, par exemple, il est important de savoir qu’avant de reconstituer la valeur d’un seul comprimé, il aura fallu boire la tasse, grandeur quelques millions de litres.
Pour être informé en temps réel sur la qualité des eaux de votre lieu de vacances, branchez-vous sur le site dédié du ministère de la santé.
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