Accès à l’eau : aucun laissé pour compte

Quel regard les Français portent-ils sur l’eau ?

Tous les ans depuis près de 30 ans, c’est leur opinion que Le Centre d’information sur l’eau recueille, dans une grande enquête, nationale et régionale, menée par Kantar.

En 2010, l’Assemblée générale de l’ONU et le Conseil des Droits de l’Homme ont reconnu comme droit humain fondamental l’accès à l’eau et à l’assainissement. La France, dès 2006 avec la loi sur l’eau et les milieux aquatiques, avait été précurseur en ce domaine. Les personnes appartenant à des groupes de population vulnérables et marginalisées ne jouissent pas du même niveau d’accès à l’eau et à l’assainissement que le reste de la société.

Accès à l’eau et exclusion sociale

L’accès à l’eau est plus difficile pour des groupes de population vulnérables. Sont concernées les personnes avec des besoins physiques spécifiques (comme les personnes handicapées ou malades), des personnes dépendantes des installations publiques (telles que les gens du voyage ou les sans-abri), des usagers d’installations mises en place par les institutions (telles que les hôpitaux, les écoles, les prisons ou les camps de réfugiés) ou des personnes vivant dans des logements insalubres. Le plus souvent, l’accès à l’eau de ces populations n’est pas seulement une question de distribution d’eau, mais une question d’exclusion sociale qui nécessite de mettre en place des solutions différenciées.

Solutions d’accès à l’eau

En France, de nombreuses initiatives autour de l’eau existent qui montrent l’implication des élus locaux, des services d’eau et d’assainissement et des entreprises délégataires. Un peu partout sur le territoire, des points d’eau potable et des toilettes sont installés : voie publique, espaces verts, cimetières, gares, marchés, parkings, aires d’accueil des gens du voyage, bâtiments publics, sites sportifs…

Les fontaines à eau publiques sont mises à disposition en accès libre, 24H/24 dans la plupart des cas. Les collectivités restaurent leur patrimoine fontainier mais aussi créent, dans le cadre d’un contrat de délégation de service public par exemple, l’installation de nouvelles bornes fontaines à eau. Il s’agit aussi de laisser les fontaines à eau en service durant l’hiver alors que, par crainte du gel, elles sont alors fermées. Les fontaines publiques offrent une eau de très bonne qualité sanitaire puisque c’est la même que celle qui coule des robinets d’eau.

L’apparition à la périphérie des villes de logements de fortune impose également de trouver des solutions d’accès à l’eau car sinon leurs habitants s’approvisionnent en eau de très mauvaise qualité dans des puits mal entretenus ou stockent de l’eau de pluie et risquent ainsi des maladies. Des communes astucieuses ont mis en circulation des camions équipés de douches, lavabos, WC et lave-linge qui vont à la rencontre des personnes exclues pour qu’ils aient accès à de l’eau de qualité.

Enfin, un peu partout les bains-douches municipaux sont rouverts et équipés de buanderies avec une eau saine. On constate qu’ils attirent de nouveaux publics (des familles notamment) et que leur fréquentation est en hausse importante depuis la crise. A Nantes, les bains-douches les plus anciens de France (1855) ont augmenté leurs entrées de 40 %. A Paris, on compte 900 000 visites annuelles. A Lyon, les réfugiés de l’Europe de l’Est y affluent.

En mettant en place ces solutions d’accès à l’eau aux plus démunis, les élus locaux ont pris en compte le fait que la mauvaise hygiène était un facteur d’exclusion supplémentaire.

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Marillys Macé

Directrice générale du Centre d’information sur l’eau, dont la vocation est d'apporter des connaissances pédagogiques sur l'eau distribuée et sur la gestion de l'eau en France, d'analyser les comportements des consommateurs et d'analyser le discours des médias.

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