Les ministres Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, et Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé ont présenté la deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens.
Réduire l’exposition de la population
Son objectif est de réduire l’exposition de la population aux perturbateurs endocriniens et la contamination de l’environnement. Ce plan ré-affirme le besoin d’actions de recherche mais aussi d’information du public, de formation des professionnels et appelle à un meilleur encadrement réglementaire.
La ministre de la transition écologique a rappelé la multiplicité des sources potentielles d’exposition à ces composés « L’objectif est de réduire au maximum la contamination de l’environnement et l’exposition de la population à ces substances qui se retrouvent dans de nombreux objets de la vie courante : produits ménagers, détergents, produits de traitement des cultures, cosmétiques, produits alimentaires, etc».
La présence potentielle de perturbateurs endocriniens dans un grand nombre de produits de consommation courante (cosmétiques, alimentation, plastiques…) et dans différents milieux (air, eau, sol) amène ce plan à définir cette question comme «un enjeu sanitaire et environnemental majeur».
La ministre des Solidarités et de la Santé indiquant pour sa part l’antériorité et la volonté particulière de la France sur ces questions «Avec cette stratégie, la France est l’un des seuls pays d’Europe qui se donne les moyens d’agir face aux perturbateurs endocriniens». La France s’est en effet dotée dès 2014 d’une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE).
Il est également rappelé que les travaux d’élaboration de ce plan ont associé l’ensemble des parties prenantes : organismes publics de recherche, de surveillance et d’expertise, associations de protection de l’environnement et de défense des consommateurs, industriels, ministères, élus, cliniciens…
Ce texte s’articule autour de trois grands axes
- axe 1 : former, informer
… en prévoyant par exemple l’établissement d’une liste de perturbateurs endocriniens qui sera rendue publique, la création d’un site d’information grand public sur les risques liés à l’utilisation de certains produits chimiques, la formation des professionnels de santé et des agents des collectivités territoriales…
- axe 2 : protéger l’environnement et la population
… en organisant la collecte de données sur l’imprégnation des différents milieux (air, eau, sol), en améliorant les connaissances sur les effets des perturbateurs endocriniens sur la faune, en défendant une prise en compte des perturbateurs endocriniens dans toutes les réglementations européennes sur les substances chimiques.
- axe 3 : améliorer les connaissances et développer l’expertise
… en accélérant la recherche pour adapter gestion des risques et réglementation, en développant une recherche appliquée en santé pour prévenir, prendre en charge et traiter les effets des perturbateurs endocriniens.
50 actions au total sont ainsi recensées selon différentes thématiques
Pour l’eau, notons par exemple :
– thématique «améliorer la connaissance de l’imprégnation par les perturbateurs endocriniens» (PE)
action 19 Préparer et récupérer les données de la prochaine campagne exploratoire prévue au titre de la directive-cadre sur l’eau pour développer le suivi des substances PE
Air extérieur, air intérieur et sols font bien évidemment également l’objet d’une action spécifique.
– thématique «comprendre l’impact des PE sur la biodiversité»
action 27 Étudier l’impact de l’imprégnation des eaux par les PE sur l’intersexualité des poissons. Étendre la liste des indicateurs de la qualité des eaux développés dans le cadre de l’Observatoire national de la biodiversité à des indicateurs de contamination du milieu par des PE
– thématique «Préserver et restaurer l’environnement»
action 29 Renforcer le suivi du rejet des PE dans l’eau en amont et en aval des stations de traitement des eaux usées en s’appuyant sur les structures existantes de suivi de l’environnement
action 30 Sur la base des normes de qualité environnementales révisées, adapter les valeurs limites de rejet dans les eaux de surface.
Notons que ce texte indique que pour la première fois, une étude mesurant la présence de perturbateurs endocriniens dans l’organisme a été effectuée auprès d’un large échantillon. Celle-ci (étude ESTEBAN) montre effectivement l’imprégnation de la population française par des contaminants organiques avec des niveaux plus élevés chez les enfants. Les niveaux mesurés sont comparables à ceux d’autres études menées à l’étranger (Canada, Etats-Unis). Les contaminants incriminés sont les bisphénols A, S et F (utilisés dans certains plastiques rigides), les phtalates (utilisés dans certains plastiques souples), les parabènes (conservateurs), les composés perfluorés (agents stabilisateurs, imperméabilisants) et les retardateurs de flamme bromés.