L’eau en chiffres : de la réalité a la contre-vérité
Publiez des chiffres sur la consommation de l’eau, le prix ou les fuites, et une réalité locale se transformera en généralité : « la consommation d’eau en France chute », « les canalisations ne sont pas entretenues », « l’eau est chère ». Pourtant, les chiffres mettent en évidence des disparités.
La baisse de consommation de l’eau est incontestable
Depuis les années 1980, la baisse de la consommation d’eau est un fait. Chaque Français consomme en moyenne 151 litres par jour (Agreste Eau 2008). Mais, d’une région à l’autre, la consommation reste variable en raison de facteurs tels que le climat, l’importance de l’habitat individuel, l’existence de piscines et de jardin ou le tourisme. Par exemple, dans le Pas de Calais, on consomme 109 litres et à la Réunion, 251 litres.
On observe la même chose entre pays de l’Europe du Nord et pays du Bassin méditerranéen. Les Bruxellois consomment 145 litres d’eau par jour et les Chypriotes, 219 litres.
En mars 2014, une dépêche d’agence de presse a publié : « La consommation d’eau explose en Suisse ». Elle prenait les chiffres concernant Lugano dont chaque habitant utiliserait 682 litres par jour. En réalité, cette statistique comprenait pour moitié les eaux industrielles non traitées donc non potables.
Le prix de l’eau : une comparaison illusoire
La disparité des prix des services d’eau et d’assainissement dépend de la diversité de la disponibilité des ressources en eau et des conditions techniques de leur exploitation. Sans compter que chaque commune a l’autonomie pour fixer ses tarifs. Chercher à comparer des prix de l’eau est trompeur et ne permet pas de juger de la performance d’un service.
En 2008, le prix moyen relevé en France était de 3,39 euros/m3. A La Réunion, le prix était de 1,7 euros tandis que dans le Finistère, il était de 4,30 euros. Et en Europe, les Danois payaient 6,26 euros et les Italiens 1,09 euros.
Les fuites au pilori
En France, les médias ont récemment titré « 190 000 litres d’eau potable perdus toutes les 5 secondes en France ». En Suisse, la télévision donnait une information de façon similaire « 4000 litres d’eau potable fuient des canalisations suisses chaque seconde ». Les distributeurs ne s’insurgent pas contre ces chiffres. Mais on peut dire qu’avoir un réseau de distribution sans fuites est une utopie technique et économique. Pour les distributeurs, l’eau qui fuit retournant dans son cycle naturel, le problème des fuites est avant tout un problème de sécurité sanitaire, les fuites étant des portes ouvertes aux contaminations.