L’eau, entre nature et technicité (1/2)
Dans le domaine de l’eau, la nuance doit toujours être de mise. Si 90 % de nos réservoirs d’eau affichent un niveau normal voire supérieur à la normale, une vingtaine de préfets ont tout de même dû prendre des mesures de restriction pour protéger, souvent à l’échelle de quelques communes de leur département, l’approvisionnement en eau.
Cet antagonisme démontre que la France est globalement à l’abri du stress hydrique mais qu’elle est localement fragilisée par une mauvaise répartition des ressources en eau, des surexploitations estivales ou des besoins urbains de plus en plus gourmands. Ajoutons un possible réchauffement climatique et des atteintes aux ressources en eau par de nouveaux polluants, et nous voilà les uns et les autres à nous dire « Et mon eau potable dans tout cela ? En aurai-je toujours en quantité et en qualité ? »
De la disponibilité de la ressource en eau en quantité et en qualité dépendent la qualité et la quantité de notre eau quotidienne. C’est d’ailleurs pourquoi, après avoir très longtemps parlé d’une part du grand cycle de l’eau (ou circuit naturel) et d’autre part du petit cycle de l’eau (circuit de production et de consommation de l’eau potable), les acteurs de l’eau veulent faire partager la notion du cycle global de l’eau. La qualité de l’eau du robinet est une chose désormais acquise, et reconnue.
Il n’en va pas de même de la ressource en eau qui, malgré des années d’actions curatives et préventives, ne se relève que très lentement des pollutions qu’elle a subies. Il va donc falloir mettre les bouchées doubles. Et nous n’avons sans doute pas les moyens de nous priver de l’ensemble des compétences humaines, techniques et de prospective pour y arriver, d’autant que, parce que l’eau est un tout, on doit collectivement faire face à d’autres enjeux comme les risques d’inondations ou la qualité sanitaire des eaux de baignade par exemple.
L’eau : changer les pratiques
La volonté de tous les acteurs de l’eau et une réglementation suffisamment dissuasive sont le moteur pour vouloir changer les pratiques. Mais c’est une technologie toujours renouvelée qui peut donner les solutions. Nous avons la chance de pouvoir mobiliser des compétences et des moyens technologiques hors pair, à tel point qu’ils ont permis que des millions de personnes à travers le monde bénéficient, parfois dans les lieux les plus improbables, d’une eau sûre. En France, l’approvisionnement de la population en eau potable n’est pas menacé : les ressources sont variées et les réseaux sont suffisamment interconnectés. Au delà des moyens techniques, les forces humaines peuvent réagir à n’importe quelle heure du jour et de la nuit pour que le service local de l’eau soit assuré en continu.
La qualité de l’eau du robinet n’est plus à remettre en cause : à chaque fois que la qualité l’exige, et l’exigera, les moyens technologiques y répondent grâce à la capacité d’anticipation que donne la recherche, que ce soit pour éliminer les polluants qui se retrouvent à des dilutions extrêmes ou détecter les fuites les plus infimes dans les canalisations sans faire de tranchées.
Pour ce qui est de la ressource en eau, comme je l’expliquais précédemment avec la notion de cycle global de l’eau, la prise de conscience générale fait qu’il n’y a plus d’un côté les défenseurs de l’environnement et de l’autre ceux dont le métier est de prélever et de traiter cette ressource pour satisfaire les usages en eau potable. Parce que c’est leur matière première, les entreprises ont porté au plus haut l’ingénierie de l’eau pour assurer la santé publique.
Elles peuvent certainement être mises à contribution par les collectivités locales pour la préservation de leurs ressources en eau. Suite dans un prochain article.