Polluants eternels, ou ‘PFAS’, dans l’eau du robinet

La réglementation en matière de PFAS a changé.

Depuis début 2023, l'eau potable doit respecter une norme de 0,1 μg/L pour la somme de 20 composés PFAS retenus par l’Union européenne.

Qu’est-ce que les PFAS ?

Les ‘per et polyfluoroalkylées’, plus communément appelés PFAS regroupent plus de 4000 substances chimiques utilisées dans l’industrie, dans l’agriculture et présents dans de nombreux produits de notre quotidien… Ils sont utilisés pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes, ou encore leur grande résistance aux hautes températures, autant de raisons pour lesquelles on les retrouve un peu partout : articles ménagers, ustensiles de cuisine (revêtements antiadhésifs des poêles), emballages (papier et carton pour le contact alimentaire), textiles (revêtements de canapés, tapis, vêtements imperméables…), mobiliers, cosmétiques… Ils sont ainsi très présents dans notre environnement domestique.

Les PFAS entrent également dans la composition des mousses anti-incendie, des isolants de fils électriques, des lubrifiants, des imperméabilisants, des matériaux plus résistants à la rouille des cires à parquet, des vernis et peintures, des produits nettoyants et de certains pesticides…

Eu égard à leur très large utilisation, ces substances se répandent dans l’environnement, que ce soit lors de leur production ou de leur utilisation, et peuvent alors être présentes dans l’air, les sols, les eaux souterraines et de surface. En conséquence, on peut les retrouver dans l’alimentation (produits de la mer, œufs, viandes) et jusque dans l’eau potable.

La principale cause de contamination de l’eau potable reste la présence à proximité́ du lieu de vie d’un établissement manipulant les PFAS, comme les sites de production de ces substances par exemple.

Pourquoi sont-ils appelés “polluants éternels” ?

Ils sont considérés comme « polluants persistants » car leur dégradation dans la nature est extrêmement difficile. Ce faisant, ces polluants souvent qualifiés “d’éternels” s’accumulent avec le temps dans l’environnement. On peut ainsi les retrouver dans l’air, dans l’eau, dans les sols, les océans.

Une fois libérés dans l’environnement, lors de la fabrication d’un produit de consommation, les PFAS ont tendance à migrer dans l’eau et à rester intacts pendant de très longues périodes.

Autrement dit, une fois rejetés dans la nature, il n’est pas simple de s’en débarrasser et de les voir disparaître, d’où leur surnom de « polluants éternels » … dont il est donc ensuite nécessaire de réduire la présence dans les produits alimentaires, dont l’eau potable.

Enfin, il convient de noter que de multiples programmes de recherche existent aujourd’hui dans le monde pour analyser, traiter puis détruire les PFAS. De nombreux progrès ont déjà été accomplis, et des pistes prometteuses existent.

Que dit la réglementation pour l’eau du robinet ?

Désormais, toute situation de dépassement de la nouvelle limite de qualité mise en évidence doit être prise en compte, en vue d’un retour à la normale. La recherche des PFAS et la conformité de l’eau à cette nouvelle norme sera systématiquement intégrée au contrôle sanitaire réalisé par les Agences Régionales de Santé à partir du 1er janvier 2026.

Quelles solutions ?

Face à la problématique des PFAS pouvant être présents dans les ressources en eau, les entreprises de l’eau ont engagé des campagnes d’analyse exploratoires, afin que les consommateurs puissent être informés en cas de détection de dépassement de la norme en vigueur.

Concernant les 20 PFAS aujourd’hui réglementés, des solutions existent pour les détecter, les quantifier, et traiter les eaux qui en comporteraient dans des concentrations supérieures à la limite de qualité applicable.

Le charbon actif permet, par exemple, de capter certains PFAS. Des procédés membranaires avancés, comme l’osmose inverse basse pression, peuvent également permettre de retenir une plus large gamme de PFAS. Ces techniques sont parfois combinées entre elles pour plus d’efficacité.

 

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Philippe Beaulieu

Médecin, Responsable du département Qualité-Santé du C.I.eau

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