Nitrates dans l’eau : de fortes disparités régionales

Une année riche d’actualité sur l’eau, qui influe sur l’opinion et les attentes des Français.

Tous les ans, nous interrogeons les Français sur ce qu’ils pensent de leurs services d’eau : Ont-ils confiance ? Sont-ils satisfaits ? Sont-ils inquiets de manquer d’eau ? Quelles sont leurs habitudes de consommation ?...
Cette année a été marquée par une actualité très riche, que ce soit en termes d’appels répétés à la sobriété face aux effets du dérèglement climatique, de questions sur la qualité de l’eau suscitées par l’évolution de la réglementation ou encore d’impacts de l’inflation sur le service de l’eau. Autant d’éléments dont les effets sont bien mesurables sur l’opinion des
Français… et qui suscitent de réelles attentes de solutions à apporter par les acteurs de l’eau.

Le ministère du développement durable a fait paraître en mai 2013 un point sur les teneurs en nitrates dans l’eau. Si les teneurs en nitrates dans l’eau ont augmenté jusqu’en 2004, elles se stabilisent désormais.

Pourquoi trouve-t-on des nitrates dans l’eau ?

Il faut tout d’abord rappeler que les nitrates existent à l’état naturel dans les nappes d’eau souterraines, mais en faible quantité. Leur concentration naturelle ne dépasse pas 10 mg/litre.

Les rejets domestiques et urbains, les eaux de pluie transportant des composés azotés en provenance des transports routiers ou de l’agriculture contribuent localement à la contamination des nappes par les nitrates. Mais ce sont les pollutions diffuses agricoles (fertilisation des sols et élevages intensifs) qui sont une des principales causes de dégradation de la qualité des eaux souterraines. Depuis les années 1990, il a fallu fermer de nombreux captages d’eau potable. En 2011, la teneur moyenne nationale en nitrates des nappes d’eau s’élevait à 23 mg/litre.

L’excès d’azote en surface met en moyenne 10 à 20 ans pour atteindre une nappe d’eau de 20 m de profondeur.

Des disparités selon les nappes d’eau et les régions

On observe une situation très défavorable pour 4 % des nappes d’eau avec des concentrations de + 50 mg/litre qui continuent à augmenter : nappe du Nord Pas de Calais, de la nappe de Beauce en région Centre et des nappes bordant le sud du Massif Armoricain. Dans le Calvados et le Sancerrois, des nappes d’eau sont aussi en situation défavorable : les nitrates y progressent.

8 % des nappes d’eau sont en situation préoccupante avec des concentrations élevées mais stables : Nord de la Bretagne, Bassin Parisien, Bassin Artois Picardie, Centre et Poitou Charentes.

2 % sont en situation d’amélioration notable comme dans le Nord Finistère, le Maine et quelques nappes du Poitou avec une baisse de 0,25 mg à plus de 0,5 mg par an.

21 % des nappes sont en situation indécise : nombreuses nappes du nord de la France et quelques nappes en Rhône Alpes et dans le sud-Ouest.

Enfin, 51 % ont une situation favorable avec des teneurs en nitrates faibles voire très faibles et qui n’évoluent pas ou peu : Alpes, Pyrénées et Massif Central.

Des apports azotés en baisse légère

Les ventes d’engrais azotés ont baissé de 5 % entre 2000 et 2010. En 2010, les surplus azotés varient de 5 à 145 kg/ha de surface agricole utile. Les surplus les plus élevés sont observés en Bretagne, au sud du Cotentin et de l’Aquitaine. Ils restent forts mais stables dans le Nord Pas de Calais. Ils régressent partout ailleurs.

Les réductions d’apports azotés ne se traduisent pas à court terme par une amélioration de la qualité des eaux souterraines, compte tenu des délais de transferts des nitrates vers les nappes.

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Marillys Macé

Directrice générale du Centre d’information sur l’eau, dont la vocation est d'apporter des connaissances pédagogiques sur l'eau distribuée et sur la gestion de l'eau en France, d'analyser les comportements des consommateurs et d'analyser le discours des médias.

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