Eaux sales : on peut aider !

C’est ce que révèle le dernier état des lieux du Bureau de Recherche Géologique et Minière (BRGM), un organisme public chargé de surveiller le niveau des nappes.

Chaque jour, un Français utilise 150 litres d’eau : 58,5 litres pour se laver,30 litres pour la chasse d’eau, 18 litres pour la lessive, 15 litres pour la vaisselle,9 litres pour arroser, 9 litres pour cuisiner, 9 litres en utilisations diverses et 1,5 litre pour boire.  Une fois utilisées, ces 150 litres d’eaux sales contiennent essentiellement graisses, savons, détergents, urines, fèces, germes, ce qui représente : 70 à 90 grammes de matières en suspension, 60 à 70 grammes de matières organiques, 15 à 17 grammes de matières azotées, 4 grammes de phosphore et…. plusieurs milliards de germes par 100 millilitres. Autant dire qu’avec une telle pollution, il est inpensable de laisser ces eaux usées retourner telles quelles vers les fleuves, les océans, les sols et par infiltration les nappes souterraines.

C’est pourquoi les eaux usées domestiques sont récupérées dans les égouts puis transportées jusqu’à une usine de dépollution où elles sont traitées. Chaque procédé opératoire a son rôle : les gros déchets passent au travers de grilles, les graisses sont séparées de l’eau par injection d’air, les matières en suspension sont récupérées par décantation, les matières organiques sont éliminées par des bactéries aérobies, les gaz malodorants sont captés par des « tours de lavage ». En cas de besoin, des traitements complémentaires sont ajoutés : lagunage ou filtration complémentaire au travers de sable, d’une membrane ou par désinfection.

La France compte 19 300 usines de dépollution. La généralisation des stations de dépollution est récente. En 1960, seuls 12 % des Français étaient reliés au tout-à-l’égout et ces égouts n’allaient pas tous à une usine de dépollution. Le programme d’installation des unités modernes d’assainissement fut lancé par la loi du 16 décembre 1964 avec la création des Agences de l’eau, coordonnant les actions en faveur de la préservation des ressources. Aujourd’hui, l’assainissement des eaux usées est un grand défi contemporain. C’est ainsi que la directive européenne de 1991 oblige les agglomérations des 27 pays membres à collecter et traiter leurs eaux résiduaires urbaines. En 2012, la France travaille toujours à se mettre en conformité : 74 stations d’assainissement non conformes devront l’être fin 2013 et 123 autres, non conformes ou à saturation, devront être en ordre de marche fin 2015. Il faut aussi évoquer 5 millions de logements (représentant 12 millions de Français) non raccordés à un réseau de collecte collectif et donc équipés d’un système d’assainissement autonome. En 2008, le contrôle d’un peu plus d’un million d’installations autonomes avait révélé que plus de la moitié n’étaient pas conformes.

Les stations de dépollution sont curatives. Sans prétendre s’y substituer, nous pouvons chacun « alléger » le travail par du préventif (sécurité des personnels travaillant dans les égouts et les stations de dépollution, un petit gain sur nos factures, satisfaction de participer à l’effort écologique). Cela passe par le réflexe de ne plus jeter dans l’évier ou dans les toilettes : les restes de désherbants ou d’engrais, les huiles de vidange, l’essence à détacher et la térébenthine, les fonds de pots de peinture et de vernis, les insecticides domestiques et les produits pour protéger le bois, les produits contre les animaux nuisibles, les médicaments non utilisés, entamés ou périmés, les lingettes. Des systèmes de collecte existent très certainement dans votre commune.

 

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Marillys Macé

Directrice générale du Centre d’information sur l’eau, dont la vocation est d'apporter des connaissances pédagogiques sur l'eau distribuée et sur la gestion de l'eau en France, d'analyser les comportements des consommateurs et d'analyser le discours des médias.

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Nathalie Davoisne

Nathalie Davoisne est responsable des Relations extérieures, Médias et Études au Centre d'Information sur l'Eau.

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