L’eau de pluie avec précaution

C’est ce que révèle le dernier état des lieux du Bureau de Recherche Géologique et Minière (BRGM), un organisme public chargé de surveiller le niveau des nappes.

Parler de l’eau de pluie lorsqu’on subit une canicule semble être à contretemps. Pourtant, c’est lorsque la sécheresse sévit et que les restrictions d’utilisation d’eau sont d’actualité que l’on se dit qu’une réserve d’eau de pluie dépannerait. La question doit alors se poser : peut-on utiliser l’eau de pluie pour tous les usages ? La réponse est clairement non.

L’eau de pluie convient pour les usages domestiques non alimentaires et non corporels. On peut l’utiliser en relai pour la chasse d’eau, le nettoyage des sols, l’arrosage du jardin ou le lavage de la voiture par exemple. Il faut être conscient que l’eau de pluie ne peut pas se substituer à l’eau du robinet car l’eau de pluie n’est pas potable. Elle peut présenter un risque lorsqu’il s’agit de la boire, préparer et cuire des aliments, prendre une douche, laver la vaisselle… C’est ce qu’a estimé  le Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France dans un avis du 5 septembre 2006. C’est ainsi que le législateur a interdit l’utilisation de l’eau de pluie à l’intérieur des établissements de santé, des maisons de retraite, des cabinets médicaux et dentaires, des laboratoires d’analyses de biologie médicale, des établissements de transfusion sanguine ou encore des crèches ou des écoles maternelles et primaires. Et, pour le particulier qui installe un circuit de distribution d’eau de pluie, la réglementation l’oblige à ce que celle-ci n’entre jamais en contact avec l’eau potable et que la mention « eau non potable » soit apposée à plusieurs points de l’installation. Cependant, « à titre expérimental », on peut se servir de l’eau de pluie pour le lavage du linge à condition si l’eau soit traitée à l’aide d’un dispositif déclaré au ministère de la santé, .

Les eaux de pluie se caractérisent par une grande variabilité de leur qualité microbiologique et physico-chimique. Elles sont très sensibles au contexte environnemental local (proximité d’activités polluantes, incinération d’ordures ménagères, circulation automobile…) et à l’évolution de la qualité au cours d’un épisode pluvieux, les premières eaux collectées étant toujours plus chargées en contaminants. Le stockage est également susceptible de modifier la qualité des eaux de pluie en raison des conditions de température et de luminosité qui favorisent la croissance bactérienne et le développement d’algues. Enfin, l’eau de pluie peut être souillée lors du ruissellement sur les toitures et du passage dans les gouttières : bactéries, spores de moisissure, fumée de cheminée, excréments d’oiseaux, insectes vecteurs de germes fécaux, produits de corrosion (plomb, zinc, cuivre…).

On peut aussi dire que l’utilisation d’eau de pluie ne profite pas à la nature. En période de faibles précipitations, le préleveur d’eau de pluie contribue à la sécheresse des cours d’eau puisqu’il empêche en quelque sorte l’eau de pluie de rejoindre le cycle naturel de l’eau.

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Marillys Macé

Directrice générale du Centre d’information sur l’eau, dont la vocation est d'apporter des connaissances pédagogiques sur l'eau distribuée et sur la gestion de l'eau en France, d'analyser les comportements des consommateurs et d'analyser le discours des médias.

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Nathalie Davoisne

Nathalie Davoisne est responsable des Relations extérieures, Médias et Études au Centre d'Information sur l'Eau.

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