Des traces de médicaments dans l’eau ?
Les résultats de la campagne nationale d’analyse des résidus de médicaments dans l’eau viennent de révéler que 75% des échantillons d’eau du robinet étaient indemnes de résidus médicamenteux. Les ressources en eau, comme l’ensemble du milieu naturel, sont le reflet de l’évolution de nos sociétés humaines. Les avancées de la médecine ont considérablement amélioré notre espérance de vie et contribué à notre bien-être mais nous devons considérer leurs impacts environnementaux.
Ainsi, sur l’ensemble de la planète, on retrouve dans le milieu naturel des résidus de substances médicamenteuses. Par le biais du déversement des eaux usées, ceux-ci proviennent des urines des patients, des lisiers des animaux traités, des rejets hospitaliers et des rejets de l’industrie pharmaceutique. Le seul effet à peu près connu est celui des hormones sur la féminisation des poissons. Présents dans les urines, les résidus hormonaux ne sont pas totalement éliminés par les stations de dépollution des eaux usées et, après rejet dans le milieu naturel, peuvent se retrouver dans les sédiments.
Aucun lien direct d’apparition d’une antibiorésistance avec la présence de résidus antibiotiques dans les milieux aquatiques n’a pu être établi. Pourtant, le principe de précaution est d’ores et déjà appliqué : en aquaculture, l’usage préventif de ces médicaments a été abandonné et, en élevage d’animaux à viande, l’emploi de certaines formules qui ont une valeur thérapeutique pour la santé humaine n’a plus cours.
La campagne nationale d’analyse a montré que seul un échantillon d’eau du robinet sur quatre contenait des concentrations de l’ordre du milliardième de gramme. Encore faut-il savoir que le maximum observé est de 20 milliardièmes par litre. Avec cette quantité, si une personne boit 2 litres d’eau par jour pendant 70 ans, elle n’aurait avalé au total qu’un milligramme de résidu médicamenteux. Rappelons que nous ne consommons pas directement l’eau des rivières puisqu’elle est traitée avant d’être distribuée à nos robinets, que nous sommes loin des doses que l’on peut trouver dans les rivières et que les concentrations sont de 1000 à 1 million de fois inférieures aux doses utilisées dans le cadre d’un traitement. Il faut souligner que l’on ne peut parler de risque exclusif lié aux médicaments. En effet, différents types de molécules peuvent dégrader le milieu naturel, comme les pesticides, les plastifiants ,les hydrocarbures ainsi que d’autres produits que nous utilisons dans notre vie quotidienne. C’est pourquoi, cet effet « cocktail de molécules » mobilise actuellement des programmes de recherches spécifiques dans le monde entier.
En France, depuis plus de 10 ans, les pouvoirs publics et les professionnels de l’eau prennent en compte les interrogations du grand public alors même que, à ce jour, aucune conséquence sur la santé publique n’est démontrée, qu’il n’existe dans aucun pays de concentration maximale admissible dans l’eau potable, que les réglementations, européenne et française, ne prévoient pas de les rechercher et qu’ il faut déployer des techniques d’analyses de haut niveau technologique pour mesurer des concentrations infinitésimales de l’ordre du millionième de gramme (nanogramme). Un Plan National sur les Résidus de Médicaments dans l’eau (PNRM), mis en place par les ministères de la Santé et de l’Environnement, vise à l’évaluation des risques environnementaux et sanitaires et à la mise en place de stratégies pour réduire les sources de pollution et renforcer la surveillance. La publication d’un plan d’action est également prévue pour 2011. Quant aux professionnels de l’eau, ils œuvrent pour que la connaissance sur l’évaluation des résidus de médicaments s’affine et proposent des techniques de dépollution des eaux usées qui assurent jusqu’à 90 % d’élimination pour les plus sophistiquées. Les valeurs extrêmement basses que l’on peut mesurer dans l’eau du robinet en comparaison de celles retrouvées dans les ressources en eau démontrent l’efficacité des procédés de traitement de l’eau potable qu’ils ont mis en place (charbon actif, ozonation…).
Bien sûr, il est plus satisfaisant de réduire les émissions à la source. Et là, chacun, peut agir : ayons une utilisation plus raisonnée des médicaments (en France, 40 boites sont consommées par personne et par an) et ayons le réflexe Cyclamed en rapportant chez notre pharmacien les médicaments inutilisés ou périmés.
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