La pollution de la ressource en eau : d’où vient-elle et comment la réduire ?
Date de publication : 2 mai 2019 | Dernière modification : 4 juillet 2024
Les origines de la pollution de la ressource en eau
La pollution de la ressource en eau se caractérise par la présence de micro-organismes, de substances chimiques ou encore de déchets industriels. Elle peut concerner les cours d’eau, les nappes d’eau, les eaux saumâtres mais également l’eau de pluie, la rosée, la neige et la glace polaire.
Cette pollution peut avoir des origines diverses :
- La pollution industrielle : avec les rejets de produits chimiques comme les hydrocarbures ou le PCB rejetés par les industries ainsi que les eaux évacuées par les usines.
- La pollution agricole : avec les déjections animales mais aussi les produits phytosanitaires/pesticides (herbicides, insecticides, fongicides) et les engrais utilisés dans l’agriculture. Ils pénètrent alors dans les sols jusqu’à atteindre les eaux souterraines, ou ils ruissellent jusqu’aux eaux de surface.
- La pollution domestique : avec les eaux usées provenant des toilettes, les produits cosmétiques ou d’entretien (savons, lessives, détergents), les peintures, solvants, huiles de vidanges, hydrocarbures…
- La pollution accidentelle : avec le déversement accidentel de produits toxiques dans le milieu naturel et qui viennent perturber l’écosystème
Les différents types de pollution
La pollution organique
Elle concerne les microorganismes pathogènes présents dans l’eau comme les bactéries et les virus. Cette pollution bactériologique se caractérise par un taux élevé de coliformes fécaux.
La pollution organique provient principalement des excréments, des ordures ménagères et des déchets végétaux.
La pollution chimique
Elle concerne les nitrates et les phosphates contenus dans les engrais, les pesticides, les médicaments humains et vétérinaires, les produits ménagers, la peinture, les métaux lourds (mercure, cadmium, plomb, arsenic…), les acides, ainsi que les hydrocarbures utilisés dans l’industrie.
Zoom sur les micropolluants d’origine médicamenteuse
Les progrès de la médecine permettent sans cesse d’améliorer la santé humaine (et animale) et de sauver des vies. Revers de la médaille, des résidus de substances médicamenteuses sont parfois retrouvés à très faible dose dans le milieu naturel (fleuves ou rivières) ou dans les eaux usées des industries chimiques et pharmaceutiques, avec pour conséquence un déséquilibre de l’écosystème aquatique (flore et faune).
Et la qualité de l’eau potable doit-elle inquiéter le consommateur ?
- L’eau que nous consommons est systématiquement traitée avant d’arriver à nos robinets.
- Si des traces de micropolluants sont détectées dans certaines ressources en eau, leur présence dans l’eau du robinet après traitement de potabilisation est, soit indétectable, soit à une quantité si infime qu’elle ne fait pas courir de risque pour la santé.
- Les pouvoirs publics et les professionnels de l’eau ont pris en compte cette problématique sur la pollution des eaux depuis plus de 10 ans : des professionnels de santé aux services de l’État, en passant par les laboratoires de recherche et les gestionnaires des services d’eau et d’assainissement, tous les acteurs de l’eau s’impliquent pour évaluer l’influence des mélanges de micropolluants sur la santé (par exemple, des études très larges sont menées pour mesurer précisément toutes les sources d’exposition comme les aliments, l’air ou encore les cosmétiques…), contrôler régulièrement la qualité et trouver de nouvelles solutions technologiques pour éliminer les pollutions ou les contenir.
Quelles stratégies pour réduire la pollution de l’eau ?
Le Plan National sur les Résidus de Médicaments dans l’eau (PNRM)
Ce plan national, mis en place par les ministères de la Santé et de l’Environnement, vise deux objectifs :
- Évaluer précisément les risques environnementaux et sanitaires des résidus médicamenteux.
- Réduire les sources de pollution en proposant des solutions de traitement spécifiques, notamment pour les rejets des eaux usées des hôpitaux et des centres de soins.
Une législation qui encadre la protection de l’eau
En France, la législation est rigoureuse en ce qui concerne la préservation de la qualité et de la quantité de nos ressources en eau.
Les règles qui visent à réduire la pollution agricole
- Toute activité polluante est totalement proscrite à l’intérieur des périmètres de captage de l’eau (ZNT : zones non traitées).
- Les agriculteurs doivent planter des bandes végétales entre leurs cultures et les cours d’eau pour retenir les polluants.
- L’épandage est interdit par voie aérienne, sauf dérogation, et réglementé par voie terrestre suivant un calendrier spécifique à chaque type de culture.
- Les agriculteurs doivent impérativement consigner leurs utilisations de produits phytosanitaires dans un registre mis à disposition des autorités de contrôle.
- Les produits phytosanitaires – pesticides, fongicides et herbicides, sont proscrits dans les lieux publics.
- La vente et l’utilisation de la plupart des produits phytosanitaires sont désormais interdites au grand public.
Les règles qui visent à réduire la pollution domestique
- Les installations d’assainissement non collectif installées par les particuliers doivent respecter un certain nombre de normes et doivent être régulièrement contrôlées par les communes.
- Les stations de traitement des eaux usées sont soumises à des directives européennes. Chaque pays membre doit régulièrement assurer l’Union européenne des bonnes performances de ces installations. Tout manquement peut être poursuivi par la Cour de justice de l’Union européenne et puni d’astreintes financières journalières de plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Les règles qui visent à réduire la pollution industrielle
- Le PNRM (voir plus haut), encadre la pollution de l’eau par les résidus médicamenteux en vue de mesurer leurs effets sur le long terme et d’améliorer la gestion des déchets d’origine médicamenteuse.
- Le rejet d’effluents industriels dans le réseau d’assainissement collectif nécessite une autorisation préalable.
- Les industriels qui rejettent leurs eaux usées dans le milieu naturel (rivières, lacs, fleuves) doivent systématiquement contrôler leurs rejets afin d’évaluer la nécessité d’installer ou non une station d’épuration sur site.
En France, nos ressources en eau sont-elles polluées ?
Les premières apparitions du mot « pollution », dans la langue française, remontent au xɪɪe siècle. Mais ce n’est que vers 1960, qu’il prend son sens de dégradation d’un milieu par l’introduction d’un élément malsain. Il existe deux sortes de pollutions : les pollutions organiques d’origine naturelle (gaz, substances minérales ou organiques, bactéries, virus, plancton, particules d’argile, déchets végétaux) et les pollutions chimiques ayant comme origine les activités humaines.
Les ressources en eau sont-elles victimes de pollution ?
Rappelons que le milieu naturel sait lutter contre une pollution qui reste dans de faibles proportions, c’est ce que l’on nomme « l’auto-épuration ». Ce processus biologique permet aux cours d’eau et aux lacs d’éliminer ces pollutions grâce aux bactéries et aux algues. Mais, aujourd’hui et face à l’ensemble des pollutions, les capacités d’auto-épuration de la nature sont désormais insuffisantes.
Tout commence avec les précipitations qui alimentent les cours d’eau et les nappes souterraines. Ainsi, chaque année et tout au long de leur parcours, quelque 70 milliards de m3 d’eau se chargent de polluants, urbains et agricoles, avant de ruisseler dans les cours d’eau et de les contaminer. Les rivières reçoivent également les eaux usées et les eaux pluviales des communes, une fois qu’elles ont été dépolluées en station d’épuration. Bien que minimes, ces apports dégradent la ressource quand les eaux usées sont insuffisamment traitées.
De la même manière, 100 milliards de m3 d’eau traversent les sols et les roches qui la chargent aussi bien en éléments utiles, comme les sels minéraux, qu’en éléments indésirables ou toxiques avant de rejoindre, par infiltration, les nappes souterraines. Selon leur nature, les sols et les roches peuvent avoir une action positive ou négative sur les pollutions de l’eau. Dans un cas, ils sont des filtres protecteurs détruisant ou dégradant des polluants et l’eau souterraine reste protégée des contaminations de surface. Dans le cas contraire, ils peuvent être des catalyseurs laissant migrer les polluants et la nappe souterraine n’en sort pas indemne.
Il est à noter que l’eau souterraine se renouvelle lentement : des jours, des mois ou même des années. C’est pourquoi, lorsqu’une nappe est touchée, la résorption des polluants est longue. Pour illustration, notez qu’un cours d’eau s’écoule à un mètre/seconde tandis que l’eau souterraine peut mettre un an à parcourir un mètre.
Comment est générée la pollution de l’eau ?
On distingue deux types de pollutions : organiques et chimiques.
À noter : En France, en 2013, 48,2 % des eaux de surface et 67 % des eaux souterraines sont en bon état chimique.
Concernant les pollutions organiques, elles proviennent des rejets des ordures ménagères végétales ou animales, des déchets animaux ou végétaux, des excréments ou des déjections animales. Ces déchets contiennent des bactéries ou des virus pouvant entraîner une pollution microbiologique et donc un risque pour la santé publique.
Des pollutions organiques peuvent être également causées par la dissolution dans l’eau de matières organiques ou par des phénomènes naturels.
Pour les pollutions chimiques, leur cause majeure est à chercher du côté des grandes cultures et des déjections animales des élevages : engrais (nitrates, phosphates, cadmium), pesticides, herbicides, médicaments vétérinaires et compléments alimentaires distribués dans les élevages (cuivre, zinc), azote ammoniacal et phosphore… Tout cela engendre des pollutions chimiques qui pénètrent dans le sol puis dans l’eau souterraine ou de surface.
L’épandage des effluents d’élevage, dans une proportion supérieure à la capacité des sols et des cultures à les absorber, est notamment en cause. Les nitrates et les phosphates issus des engrais favorisent la prolifération d’algues et de bactéries qui s’en nourrissent, ce qui entraîne une mauvaise oxygénation. Ce phénomène est appelé « eutrophisation des cours d’eau, des lacs et des littoraux ».
Quelles activités créent des pollutions de l’eau ?
Les différentes activités humaines recourent à des dizaines de milliers de produits chimiques. Les eaux usées produites par les artisans, les commerçants, les établissements de soin, les collectivités mais également par les particuliers sont à l’origine de pollutions.
Quant aux activités industrielles, elles sont responsables, pour moitié, des rejets polluants organiques (matières en suspension, produits azotés et phosphorés) et de la quasi-totalité des rejets toxiques (métaux, hydrocarbures, acides, matières) et de déséquilibre écologique en réchauffant les eaux.
En 1978, l’État estimait que 55 % de la pollution de l’eau provenait des rejets industriels. Depuis, la mise en place, dans ces industries, de stations de traitement des eaux usées a largement amélioré la situation.
Exemples de produits polluants rejetés :
- Produits de nettoyage des pressings
- Produits de coloration des salons de coiffure
- Solvants des imprimeries
- Lubrifiants des garages
- Résidus de soins
- Résidus de nettoyage
- Produits d’entretien
- Peintures
- Matières organiques azotées
Quelles conséquences pour l’eau du robinet ?
Tout d’abord, il est très important de ne pas faire d’amalgame entre la qualité des ressources en eau et la qualité de l’eau du robinet. Sachez qu’une ressource en eau de mauvaise qualité ne sera pas retenue pour produire de l’eau potable. Une ressource en eau retenue pour produire de l’eau potable est classée parmi trois catégories. Les traitements plus ou moins sophistiqués dépendront de ce classement. Les techniciens assurent les différents traitements qui garantissent une eau répondant aux critères de potabilité. Un tiers des volumes prélevés pour l’alimentation en eau potable nécessite un traitement poussé.