Or bleu et croissante verte

Le 14 novembre 2012, la Commission Européenne proposait la stratégie Blueprint. Ce plan d’action doit apporter une réponse pour protéger durablement les ressources en eau européennes à l’horizon 2020 et jusqu’en 2050.

Blueprint doit en premier lieu nous dire si, comme l’avait imposé la politique européenne sur l’eau, avec notamment  la Directive Cadre Européenne de 2000, les 27 pays membres auront retrouvé en 2015 des ressources en eau sans pollution et des milieux aquatiques habités par la faune et la flore. La réponse est certainement non. La plupart des pays ont demandé à ce que l’échéance de 2015 soit repoussée dans le temps. L’enquête présentée montre même la frilosité des pays à renseigner Bruxelles. En 2010, l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (ONEMA) estimait que 59 % des cours d’eau français et 41 % de nos eaux souterraines étaient en mauvais état chimique tandis que plus de la moitié des nappes et des rivières étaient en mauvais état écologique. C’est pourquoi la France a demandé un report jusqu’à fin 2021.

Mais, au-delà de l’enjeu fort de préserver les ressources hydriques, l’Europe se préoccupe aussi de relever le défit de l’économie verte qui doit concilier l’amélioration du bien-être humain et la réduction des risques environnementaux. Ce qui milite pour rechercher une nouvelle croissance porteuse d’emplois et d’innovations, capable de réduire les émissions de CO2 et les pollutions, d’assurer la gestion performante des ressources naturelles et le respect de la biodiversité. Pour l’eau, la croissance verte peut répondre aux problématiques telles que les coûts toujours plus élevés de la pression sur les milieux, la dégradation de la qualité des eaux ou l’insécurité hydrique.

Mais, si l’eau attend beaucoup de la croissance verte, elle en est également une clé. Les services écologiques rendus par les milieux aquatiques font l’objet d’un intérêt accru de la part de tous les acteurs concernés par la qualité et la bonne gestion sur le long terme des milieux. Les écosystèmes aquatiques rendent des services extraordinaires à chacun d’entre nous. Prenons l’exemple des marais, estuaires, tourbières et prairies inondables qui ont disparu au fil du temps par une artificialisation et un assèchement des sols à outrance. Pourtant, discrets mais indispensables, ces milieux humides rendent de nombreux services et font réaliser à la collectivité des centaines de millions d’euros d’économies. Ils purifient l’eau en retenant certains polluants. Ils préservent l’économie touristique et la santé du baigneur en filtrant l’eau allant à la mer. Ils stockent le carbone. Leur capacité de rétention diminue la gravité des crues ou au contraire soutient le débit des rivières en période de basses eaux. Leur végétation spécifique est le refuge des insectes pollinisateurs et freine la puissance dune crue. Enfin, leur influence sur les micro-climats locaux préservent des activités agricoles des effets d’une sécheresse.

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Marillys Macé

Directrice générale du Centre d’information sur l’eau, dont la vocation est d'apporter des connaissances pédagogiques sur l'eau distribuée et sur la gestion de l'eau en France, d'analyser les comportements des consommateurs et d'analyser le discours des médias.

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