Une eau venue de loin

Depuis cette semaine est commercialisée en France une eau en bouteille originaire d’un iceberg canadien, situé au large des côtes de Terre-Neuve et du Labrador. D’après la marque qui la commercialise, cette eau a 10 000 à 12 000 ans d’âge. Un bateau, navigant au bioéthanol (!) effectue deux à trois voyages par an pour rapporter cette eau à faible teneur en minéraux, donc sans goût, idéale paraît-il pour noyer son whisky. Les nutritionnistes soulignent qu’une telle eau peut avoir une incidence sur la santé d’une personne qui a besoin d’un apport en minéraux mais qu’a contrario elle peut être conseillée à une personne souffrant de calculs rénaux. Une manière de rappeler que boire une eau minérale n’est pas neutre puisque, jusqu’à il n’y a pas si longtemps, celle-ci était considérée comme un produit médicinal et vendue en pharmacie. Faut-il rappeler que cette eau de luxe ne va pas dans le sens de l’histoire. En effet, régulièrement, nous sommes alertés sur le changement climatique qui fait fondre dangereusement les icebergs, avec pour conséquence parmi d’autres, la possible disparition de plus de 70 % des ours polaires à l’horizon 2050, comme le martele Jean-Louis Etienne. Sans compter l’empreinte carbone de cette eau pour son transport sur des milliers de kilomètres . Si vous vous laissez tenter, il vous en coûtera 24 euros le litre. Pour le même prix, c’est plus de 6 000 litres d’eau du robinet que nous auriez à votre disposition livrée à domicile, sans emballage, sans empreinte environnementale démesurée…

 

 

 

 

 

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Marillys Macé

Directrice générale du Centre d’information sur l’eau, dont la vocation est d'apporter des connaissances pédagogiques sur l'eau distribuée et sur la gestion de l'eau en France, d'analyser les comportements des consommateurs et d'analyser le discours des médias.

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